Informations - renseignements

Dojo Zen de La Ciotat
CENTRE BOUDDHISTE
658 avenue Emile Ripert
13600 LA CIOTAT
FRANCE

Pour tout renseignement, contacter Guy par messagerie électronique à : dragondudharma@free.fr

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LE CHEMIN SANS CHEMIN

Les oiseaux ne suivent aucune piste, ne laissent aucune trace. Pourtant, ils savent où ils vont...

Le dojo zen de La Ciotat (centre bouddhiste) est positionné au bord de la Méditerranée, non loin du massif sacré de la Sainte-Baume, dans le triangle Aix-Marseille-Toulon.

Il est à proximité immédiate des villes de Ceyreste, Aubagne, Roquevaire, Bandol, Saint-Cyr les Lecques, Cassis...

Le dojo participe à un renouveau du Zen.

CENTRE BOUDDHISTE DE LA CIOTAT - LA SAINTE BAUME - ECOLE DE MEDITATION DE PLEINE CONSCIENCE
E C O L E D E M E D I T A T I O N

DECOUVERTE DE LA MEDITATION

L'amour ne périt jamais.

L'amour ne périt jamais.
CENTRE BOUDDHISTE DE LA CIOTAT - LA SAINTE BAUME - ECOLE DE MEDITATION DE PLEINE CONSCIENCE
COURS DE MEDITATION POUR DEBUTANTS
LE LUNDI SOIR A 19H25 (au dojo)
LE VENDREDII SOIR A 19H25 (dans la Nature, prévoir un pique-nique)
chacun est bienvenu - merci d'être ponctuel

A PARTICIPATION DE SEPTEMBRE, LA PARTICIPATION AUX FRAIS EST DE 20 EUROS PAR MOIS

Renseignements : dragondudharma@free.fr

DECOUVERTE DE LA MEDITATION

Nous vous proposons de découvrir la méditation (assise silencieuse) le LUNDI 19H25 au dojo de LA CIOTAT, ainsi que le VENDREDI à 19H25 précises (méditation dans la Nature selon le cas, prévoir un pique-nique).

Ceux qui le souhaitent pourront rester après la méditation du lundi, pour se familiariser avec des pratiques d'harmonisation énergétique.

Pour les journées zazen dans la nature (retraites d'un ou deux jours, généralement en forêt de la Sainte-Baume) le programme sera affiché au dojo, ou bien accessible sur demande par messagerie électronique : dragondudharma@free.fr.

Nous vous tiendrons informé(e)s des dates prévues.

Accueil - Enseignement et pratique du Zen

Le présent site constitue à l'origine un lien convivial, fait d'émotions, de tendresse et d'humour, entre des personnes en affinité d'âme et de sensibilité, partageant une pratique très ancienne mais toujours actuelle.

Une pratique de (ré)création de sa vie.

Vous y êtes très bienvenu(e) si vous êtes intéressé(e) par une approche un peu différente du Zen, jaillie spontanément sur les berges de la Méditerranée, avec souplesse, naturel et ouverture du coeur.



Pour une découverte de la méditation, vous pouvez prendre contact avec l'un des moines chargés des enseignements le LUNDI SOIR A 19H25.



Le Dojo ZEN de La Ciotat est établi au CENTRE BOUDDHISTE DE LA CIOTAT qui accueille également la pratique du Bouddhisme Tibétain et des cours de Yoga.



Les enseignements Tibétains sont donnés par le vénérable Mogchok Rimpoché.



Les Cours de Yoga sont dispensés par Yvanna, professeur de Yoga diplômé.



Dans un esprit d'ouverture et d'échanges permanents, toutes les pratiques sincères sont les bienvenues au Centre Bouddhiste de La Ciotat.





Lorsque l'esprit ne repose sur rien, le véritable esprit apparaît...


REVIVRE LA MAGIE D'EXISTER...

Le dojo Zen de La Ciotat vous accueille dans un cadre reposant baigné de verdure.

La pratique proposée, convenant à chacun, ouvre à un véritable apaisement et à une redécouverte de soi.

Ainsi ressourcé, on peut aborder le quotidien avec une énergie et une sérénité nouvelles.

UNE SOURCE DE CALME DANS L'AGITATION DU MONDE...

Le zen permet d'être totalement présent à l'instant.

Il s'agit d'une expérience profonde, à travers le corps.

C'est "devenir intime avec soi-même".

Notre mental est pacifié.

On se situe dans l'accueil de la vie.

Notre relation avec les autres devient plus facile.

La vie devient simple et joyeuse.

C'est la forme adulte de notre vie, le chemin de la vraie liberté, du bonheur véritable.



L'enseignement est donné par Ho Ryu, Moine Zen de la lignée Soto de Taisen Deshimaru Roshi

L'enseignement est donné par Ho Ryu, Moine Zen de la lignée Soto de Taisen Deshimaru Roshi
Guy Ho Ryu, pratiquant le zen depuis 1988, ordonné en 1995 au Temple Zen de la Gendronnière par Roland Yuno Rech, ici à l'Université Bouddhiste de Saïgon

Jouis de l'instant présent !

Notre vie est éphémère,
Pareille au reflet de la lune
Dans la goutte d'eau
Tombant du bec d'un héron.

AVERTISSEMENT - DECOUVERTE DU ZEN

Ce site est celui du Centre Bouddhiste de La Ciotat-la Sainte Baume.







Ce lieu héberge principalement la pratique de la méditation zen, des enseignements bouddhiste et accueille d'autres activités de même esprit visant à l'ouverture des consciences (yoga, par exemple, avec un professeur diplômé).







Les enseignements du Bouddhisme Tibétain sont donnée par le vénérable lama Mogchok Rimpoché.







Mogchok Rimpoché est resté dans les prisons chinoises de 2 ans à 20 ans.


Son père était général de l'armée tibétaine et faisait partie de l'escorte du Dalaï Lama lors de son exil historique vers les Indes. Sa mère (l'épouse du général) a immédiatement été emprisonnée et est rapidement morte en prison, laissant seul son enfant dans les geôles. Ayant subi maintes tortures dont il ne parle jamais, il s'est finalement évadé à l'âge de vingt ans et a rejoint la communauté Tibétaine en exil. Il a repris ses études à Dharamsalla, et enseigne maintenant le Bouddhisme Tibétain en France.







Il dispense des enseignements au Centre bouddhiste de La Ciotat, où il est bienvenu.







Concernant la pratique de la méditation zen (zazen), il convient d'indiquer que celle-ci se situe librement et délibérément en dehors de toute obédience (Soto ou Rinzaï).







En effet, le zen est un bon outil.







Mais le "décorum" qui l'entoure encore en Occident peut rebuter nombre de personnes, que cette pratique pourrait aider mais qui ne sont pas japonais de culture et peuvent même se dire "effrayées" par les rites de la Tradition.







Il en est aussi (même parmi les moines confirmés) qui peuvent intimement et profondément vouloir vivre la merveilleuse pratique du zazen, sans pour autant souhaiter psalmodier interminablement le "shobogenzo" en Chinois ancien, ou se questionnent sur le sens de se raser le crâne, sur une sur-accumulation subite de règles à géométrie variable, ou autres incohérences...







Pour leur permettre de découvrir malgré tout le zen, en dehors de structures qui ont leur raison d'être mais qui, se risquant quelquefois à privilégier le Formalisme au détriment de l'Essence, peuvent ne pas convenir à tout le monde, nous mettons à la disposition des personnes intéressées, une école de méditation.







Le vêtement "stratifié" du moine zen atteste incontournablement de l'extrême ADAPTABILITE du zen.



Nous souhaitons actualiser cette souplesse.







Cet espace de découverte se situe donc dans l'accueil d'une Essence éternellement libre.







Il est comme le vent insaisissable et celà pourra bien évidemment gêner ou choquer certains qui ont le besoin d'une certaine orthodoxie, de règles sécurisantes, de rituels ou de se reconnaître dans des dogmes.







Mais cet espace EST.







Il n'y a aucun besoin d'opposer les saisons.







Il n'y a dans notre Lieu de pratique AUCUNE OBLIGATION.







Chacun peut y venir librement, découvrir la pratique de la méditation zen dans sa substance épurée, puis continuer la pratique au sein de structures établies (AZI, ABZE...) ou simplement passer, choisir de pratiquer seul dans sa vie quotidienne pour se "recentrer" une fois les bases bien acquises, venir tous les lundi au Dojo pour approfondir sa pratique en groupe, ou bien participer de temps en temps à nos journées "zen-nature" à la Sainte-Baume au cours desquelles nous méditons et promenons au coeur de la Nature dans une ambiance amicale.



Chacun y est libre de ses conduites alimentaires, de ses comportements intimes et de tous ses choix.







Il n'y a aucun dogme.







Aucun Maître.







Seulement des amis.







Nous sommes de plus très sensibles à l'idée que, quel que soit le véhicule emprunté, chaque religion, chaque philosophie même originale, chaque sensibilité même novatrice sont hautement respectables et qu'il faudra bien qu'un moment soit où ce qui nous rassemble sera plus fort que ce qui nous sépare, un moment où chacun sur Terre réalisera que tous ces doigts de couleurs différentes pointent le même Soleil.







Il n'y a donc pas "d'uniforme" en "prêt à penser". Chacun est le bienvenu avec ses différences, ses richesses.







Notre Centre "Bouddhiste" est ainsi largement ouvert à toutes les Traditions et à toutes les sensibilités Chrétiennes, soufies, définitivement athées ou autres.







Le seul mot de passe incontournable est : sincérité.







Ce Lieu de partage se veut aussi très humblement un LIEU D'ECOUTE où toute personne en difficulté ponctuelle peut venir et repartir librement sans aucune contrainte ni aucune contrepartie, pour rechercher un recentrage ou simplement essayer de comprendre ce qui est cause de souffrance dans sa vie.







Mais de même qu'il n'est aucune ombre sans lumière, il n'est aucune souffrance sans potentiel de joie.











LOCATION DE LA SALLE

La salle située au fond du parc est parfois prêtée pour d'autres activités (conférences, présentations, yoga, formation aux soins esséniens ou lecture d'auras, pratiques diverses, méditations, stages, etc.).



Cette mise à disposition est absolument gratuite.



Toutefois, un chèque de caution peut être requis lors de la réservation.



Il sera restitué au formateur le matin du stage dès que celui-ci se présentera sur le lieu de f
ormation.


Cette précaution a été mise en place l'expérience aidant, afin de se préserver de comportements "cavaliers" constatés par le passé, des formateurs ayant pu prendre appui sur la gratuité de la salle pour changer le lieu de leur activité au dernier moment et sans avis préalable, ce qui n'est pas respectueux et ne se produit pas ou moins sur des lieux payants.



Afin de garantir le respect des propriétaires, des stagiaires et des autres utilisateurs, le "chèque de caution" a donc été institué.



Le rangement de la salle et la propreté des lieux sont naturellement à la charge des utilisateurs.

Enseignements permanents (kusen)

Nous sommes, à notre insu, déterminés par des structures mentales, à telle enseigne que nous ne pouvons même plus percevoir cette rigidité, ces principes, ces constructions qui ne nous appartiennent pas, que nous avons héritées. Nous pouvons nous y identifier jusqu'à ne plus être vivants, à l'écoute, dans l'accueil et il faut bien souvent un "choc de la vie" pour nous libérer de nous-même, pour ouvrir notre coeur et laisser de nouveau le vent circuler dans notre âme. Bien souvent, il faut l'humilité de le reconnaître, même la pratique du zen ne suffit pas à remettre en question ces mémoires et ces fonctionnement, si profondément ancrés, ces énergies mentales et émotionnelles bloquées, engrangées dans le corps. Mais la Vie est là : notre meilleur enseignant, qui ne nous épargne ni bouleversements ni souffrances, afin de nous rendre plus vastes et davantage aptes au bonheur...
voir ci-dessous, dans "enseignements permanents - archives des kusen".

SUR LE SAMSARA...

On entend assez fréquemment évoquer l'urgente nécessité de se libérer du Samsara, le monde de l'illusion, pour obtenir enfin le soulagement de nos souffrances.

Comme si nos efforts devaient porter sur fuir ce monde terrestre.

La "vraie vie" serait donc ailleurs, dans un ailleurs-meilleur, et nous serions contraints de revenir errer dans le "Samsara" sous le poids de nos fautes et de nos imperfections.

Coupables et tremblants.


Si l'on y regarde de plus près, cette conception part du postulat que la Divinité - quel que soit le nom qu'on lui donne - serait ailleurs, et qu'il y aurait donc un chemin à faire.

Nous serions donc séparés.

Ce sentiment de séparation crée d'emblée un gouffre.

Et un besoin de le combler.

Dans cette frénésie toujours inassouvie, sur un chemin d'alternance entre une souffrance hurlante et d'éphémères bonheurs, l'autre se fait objet dans des relations de manque.

Nous avons tant et tant pratiqué ce point de vue qu'il nous paraît incontournable : Dieu est ailleurs.

Il nous faudrait "renoncer" au monde pour le rejoindre.

On se met en exil.

On adopte des conduites "pures". Des attitudes d'évitement.


Mais ce déni de la vie ressemble à une négation de soi.


Pour les points de vue "tantriques", où l'acte d'amour se fait chemin vers Dieu, la divinité serait omniprésente, donc en soi et en l'autre.

Il s'agit d'un jeu de miroirs quantique.

Où tout est occasion d'évolution. Prise de conscience fluide.

Où rien n'est à rejeter.

L'illusion n'est pas dans ce monde, qui est réel (il ne suffit que de recevoir une giffle pour en prendre conscience), mais dans le regard que nous portons sur ce monde.

"S'il apparaît l'épaisseur d'un cheveu entre toi et la réalité, s'ouvrent les portes de l'enfer"...

De l'enfer intérieur.

Le sacré est partout. Le chemin est sous nos pieds. Mieux, nous sommes le chemin.

La "libération", alors, ne serait plus dans une fuite, mais dans une conversion du regard.

Au-delà de la dualité.

Des relations, alors, peuvent s'établir, où l'on n'est plus objet mais sujet.

Où le lien à l'autre, alors se fait échange, partage, de divinité à divinité.

Dans la joie.

Et avec un grand éclat de rire.


Ne fuyez pas ce monde par frilosité. Ne vous privez pas de votre expérience terrester, qui est inestimable.

La conscience divine y est à l'oeuvre jusque dans l'air que vous respirez, dans le prana.

L'amour humain n'est pas différent de l'amour divin.

Il ne suffit que d'accueillir ce qui est.

Et de s'émerveiller.

Devant ce Paradis, qui n'est pas un lieu, mais un état d'être.










LE DOIGT ET LA LUNE

Lorsque le Sage montre la lune, l'imbécile regarde le doigt.

Lorsque le Sage explique que son doigt n'a aucune importance et que c'est la lune qui est intéressante, l'imbécile écoute le Sage et trouve qu'il parle vraiment bien.

Lorsque le Sage exige de l'imbécile qu'il regarde cette "putain de lune", l'imbécile a peur et baisse la tête.

(Tradition Zen revue par Weber)

AFFICHAGE DES ARTICLES

Pour afficher les textes et articles, cliquer sur une date dans la liste des "enseignements permanents - archives des kusen" ci-dessous. Le kusen choisi s'affichera au-dessous.

ENSEIGNEMENTS PERMANENTS (archives des kusen et articles divers)

mardi 12 mars 2013

Kusen du lundi 11 mars 2013

La première loi sur laquelle le Bouddha a attiré notre attention, c'est la loi d'impermanence. Tout est impermanent. Ce qui naît meurt, ce qui meurt naît. C'est comme l'eau et la glace, comme le feu et la cendre. Après le jour vient le crépuscule. Après la nuit vient l'aurore. Après le froid vient la chaleur. Après l'été on entre dans l'automne. On ne peut vivre une vie d'homme ou de femme sans que joies et tristesses se succèdent. Le bonheur ne dure pas mais le malheur non plus. Les phénomènes se présentent, ça fait du bien, ça fait mal... Dans cette valse incessante des apparents contraires, on croit se trouver des repères, on cherche une stabilité et on veut à toute force saisir ce qui est si bon et éviter ce qui fait si mal, qui est si mauvais pour nous. Avec ce point de vue, la vie se fige comme une marmelade anglaise, se peuple d'objets, même les gens deviennent des objets. On devient captif de nos conceptions, de nos assemblages abstraits, on pétrifie la vie. Mais comme en réalité tout change de façon inéluctable - c'est la loi - la souffrance fait son apparition. On fait l'expérience de la souffrance parce que l'on méconnaît la loi d'impermanence. Parce que dans cette danse cosmique notre attitude n'est pas juste. Dès que l'on "discrimine", on souffre de vouloir saisir ou rejeter tout ce qui se présente. Par la Pratique, on fait l'expérience de ne plus discriminer. De ne pas se laisser emporter par les phénomènes. De ne plus s'identifier à nos sécrétions mentales. De laisser-passer, sans plus refermer nos poings sur du sable, sans tenter de fuir ce qui est là de toutes façons. On n'est plus dans les catégories. On devient plus vaste. On entre dans la fluidité. On cesse de vouloir tout contrôler. De se crisper. Tout devient plus facile et harmonieux. Au-delà des représentations et de la dualité, il y a la vie vivante. Seulement s'asseoir. Rien d'autre n'est nécessaire.

lundi 19 novembre 2012

Kusen du lundi 19 novembre 2012 - la soupe aux choux

Hier au soir, je regardais un film de Louis de Funes, un grand maître … "spirituel"... … La soupe aux choux. C'était très intéressant. Un extra-terrestre vient de loin, sur sa soucoupe, pour manger de la soupe aux choux. … On est sur une planète où beaucoup de gens sont en quête d'un "ailleurs-meilleur" insaisissable, veulent s'envoler, marchent sans toucher le sol, oublient de s'incarner. On poursuit un idéal lointain, on recherche une illumination, on cherche à être quelqu'un que l'on n'est pas, on adopte des comportements... différents... une ascèse... on prend des attitudes... sérieuses, compassées. On s'identifie. On est quelqu'un d'important dans le bouddhisme, dans le zen. Parfois, on devient frileux, abstrait. On ne veut plus tremper ses pieds dans la boue. « J'en suis à ma dernière incarnation », on l'entend souvent dans certains milieux... Quel orgueil! Quelle dualité! … Le martien de Louis de Funes, lui, veut seulement manger de la soupe aux choux. … Il est très important de ne pas se placer en exil de soi. Votre place est là où sont vos pieds. Le zen, c'est au-delà des conceptions erronées, des dogmes, des conditionnements, c'est même au-delà des préceptes bouddhistes. Pas besoin d'entrer dans "le grand sommeil des éveillés"... Seulement s'asseoir. Sur terre, on peut manger une excellente soupe aux choux, mettre de la conscience dans chaque instant, être présent, sacraliser la matière. Donner sens. Simplement. Naturellement. … D'instant en instant toujours frais, toujours disponible à un nouvel instant présent. Dans ce corps. ... Quand on est abstrait, on crée sans arrêt de la dualité. Pendant la cérémonie, nous chantons que "l'essence n'est pas différente des phénomènes, les phénomènes ne sont pas différents de l'essence". Il faut l'incarner dans sa vie. … N'attendez rien. Revenez au corps, à l'instant présent. Sans saisir ni rejeter quoi que ce soit. Le bonheur n'est pas lié à des circonstances. C'est un état d'être. Ne stagnez pas sur vos pensées. Ne refermez pas votre main sur une poignée de sable. Entrez dans la fluidité. Soyez vivants. Actualisez avec ce corps la pratique d'éveil du Bouddha. D'éveil à la réalité telle qu'elle est.

Kusen du jeudi 15 novembre 2012 - le bruit d'une seule main

Souvent, dans le zen Rinzaï (où il y a des koans, des énigmes à résoudre au-delà du mental) on parle du « son d'une seule main ». En réalité, il n'y a pas le zen Rinzaï, le zen Soto, etc... Le zen est au-delà des cultures, des catégories mentales, des dogmes, des conceptions erronées. Il est. Le son d'une seule main. C'est au-delà de se confronter. Au-delà de la dualité. C'est réconcilier les apparents contraires. Seulement par la pratique vous pouvez comprendre cela, devenir intime avec vous-même, réunifié. Retrouver un regard d'enfant. « Manger des fruits de l'arbre de Vie et non plus des fruits de l'arbre de la Connaissance du bien et du mal »... Toujours frais, d'instant en instant. Toujours frais... Ne stagnez pas sur vos pensées, sur vos émotions. Entrez dans la fluidité dans la danse de l'impermanence. Laissez-passer. Ne vous identifiez pas, ne discutez pas, ne soyez pas dérangé, cessez la poursuite de toutes sortes d'objets. N'attendez rien. Je vous en prie, soyez de véritables êtres humains. Pas des êtres abstraits. De véritables êtres humains. C'est l'aide la plus haute que vous puissiez apporter à l'humanité. Comprendre le bruit d'une seule main. Revenez à la posture juste. Respirez. Lorsqu'une pensée s'élève, laissez-la passer « comme la montagne qui regarde passer les nuages ». Elle n'est pas emportée. Elle n'est pas affectée. « Alors le vaste ciel n'est pas dérangé par le vol des nuages blancs ». Seulement s'asseoir.

dimanche 19 août 2012

Kusen du 20 août 2012 - la peur conduit à la souffrance

Je disais l'autre jour que ce n'est pas la vie qui est le contraire de la mort, c'est la naissance qui est le contraire de la mort. Je disais aussi que le contraire de l'amour n'est pas la haine. La peur est le contraire de l'amour. --- Observez-vous : lorsque vous êtes dans l'amour, vous êtes épanoui, vous vous sentez vaste, dilaté. Chaud. Le coeur se gonfle. Quand on est amoureux, on n'est pas malade. C'est bon pour la santé. Lorsque vous êtes dans la peur, votre corps se contracte. Tout se rétrécit, même le champ visuel se rétrécit, demandez aux anciens combattants. On est pris de froid, d'effroi. On se recroqueville. --- Chaud-froid. Dilaté-contracté. Bon-mauvais. Bien-mal. Lumière-ténèbres. Toujours les mêmes apparents contraires, la même dualité. Dia-bolein : "jeter séparément"... --- Un événement survient. Notre personnalité construite est conditionnée pour discriminer, pour le classer dans une catégorie, une division mentale. Il est difficile de s'élever au-delà de cette dualité. Soyez vigilants. Revenez au présent, à la réalité telle qu'elle est. Simple. Respirez. Revenez à la posture. --- Je parlais de la peur. Il y a une relation très étroite, dans l'état actuel de notre humanité, entre la peur et l'amour. On n'a pas encore trouvé l'Amour vaste, l'amour véritable, le chemin du bonheur sans cause... --- "Je t'aime." Qu'est-ce qui se cache derrière ces trois mots ? Tu m'appartiens, ou bien je suis prêt à me sacrifier pour toi, à m'anéantir dans cette relation ? Qu'est-ce qui prédomine ? Le « je » ?... Le « toi » ?... Possession à divers degrés ? Abnégation jusqu'à la négation de soi ?...Aimer ?... On aime, on a peur de perdre ou on veut se perdre dans cette relation... --- "Je t'aime. Mais j'attend quelque chose, un retour, une reconnaissance. Que tu changes. Que tu ne changes pas. Je t'aime. Mais tu veux sortir sans moi ce soir ?... Je ne suis pas sûre de moi, je ne suis pas sûre de toi. J'ai besoin de toi pour me sentir exister. J'ai peur de te perdre, peur que tu rencontres quelqu'un, peur de ne pas être à la hauteur de ce que tu attends de moi... Tu ne m'as pas regardé aujourd'hui. Salaud." --- Après le doute, la peur, la colère survient. "Tu pars quand même ? Salaud, je te déteste." Après la colère survient la haine. Après la haine, vient la souffrance. "Il est parti, j'ai mal, il me fait souffrir..." --- « La peur mène à la colère, la colère mène à la haine, la haine mène à la souffrance. La peur conduit au côté obscur ». --- La peur née de l'illusion de séparation, nous renforce dans cette idée de dualité. C'est un cercle vicieux. Là est la racine de la souffrance de l'humanité : dans la dualité. --- Mais au lieu d'être dans la confiance en ce qui est, d'avoir foi en la Vie, on se met en exil. En exil du présent, en exil de la réalité. On ne perçoit plus le vaste océan, mais seulement les vagues. On s'attache à une vague. --- On n'est plus dans la fluidité, soeur de l'impermanence de ce monde. On pétrifie, on regarde en arrière alors on se change en statue de sel. On reste "attaché". Pas libre de vivre l'instant présent, pas disponible à la réalité. --- Pourtant, ne pas être "attaché" ne signifie pas être insensible au monde. Etre dans la fluidité n'est en aucun cas être "détaché" dans le sens morbide où on le comprend souvent en Occident. Le Bouddha n'a jamais parlé de ce détachement, de devenir un arbre mort. Il s'agit de non-attachement, c'est à dire de cueillir pleinement la saveur de chaque instant infiniment précieux, la saveur de la Vie-une. Il ne s'agit pas de ne pas aimer pour se préserver, il s'agit d'aimer "à partir d'une posture juste", d'aimer d'un amour adulte, sans attente, désintéressé comme la posture de zazen, pour que la lune puisse se refléter dans l'eau de la rivière. --- Ne soyez pas des êtres abstraits. Soyez de véritables êtres humains. Le zen est la voie de la non-peur. Le chemin de la vraie liberté. (rappel de la posture). --- Ne cherchez pas à saisir ni à rejeter quoi que ce soit. Ne vous identifiez pas aux sécrétions du cerveau. Laissez-passer les constructions sans substance, comme la montagne qui regarde passer les nuages. Touchez votre vrai visage. Ressentez ce léger sourire intérieur. --- N'attendez rien.

lundi 13 août 2012

KUSEn du 13 août 2012 - L'obéissance à des momies mène-t-elle à la Libération?...

Kusen du 13 août 2012 - Le Bouddha disait en préambule de son enseignement qu'il ne fallait rien en prendre pour argent comptant, ne rien retenir de ce qu'il disait sans l'avoir au préalable confronté au fil de notre discernement, de notre propre ressenti. On est loin du commandement péremptoire de devoir suivre aveuglément tel ou tel maître, qui a bien trop cours actuellement dans certains milieux dits « spirituels ». Il est vrai qu'en évitant de s'engager fortement, en restant « tiède », on évite aussi de se confronter à nos propres limites et donc d'évoluer. C'est ainsi que la « liberté » ou plutôt « l'indépendance » sert parfois de prétexte à un certain confort de l'ego. Mais toutefois, comme je le dis souvent, c'est notre posture qui nous enseigne. Egalement, il n'y a pas de différence entre le dojo et la vie quotidienne : notre vie quotidienne est en réalité notre meilleur enseignant. Comprendre intimement cela, c'est éviter de tomber dans des « pièges » auxquels les occidentaux, dont l'aspiration est sincère mais le discernement trop peu aiguisé, peuvent tomber aisément. Même si ces « pièges » sont aussi notre expérience et peuvent à leur façon porter fruit. En évitant de s'engager vraiment dans une pratique, en papillonnant, ou bien en pratiquant seul dans son coin, on évite aussi une saine remise en question. Parfois, lors de la cérémonie, on chante « gyateï, gyateï », ensemble, ensemble... La voie est aussi une démarche de compassion, une démarche fraternelle. Sans une dimension d'amour, aucune voie n'est authentique. Le Bouddha attirait notre attention sur les pièges du « spitituellement correct ». Ce qui est bon pour l'un ne l'est pas forcément pour l'autre. Si j'ai été un samuraï féroce, je suis peut être venu ici apprendre le détachement et le pardon. Si tu as été une victime, peut-être es-tu venu apprendre que l'amour n'est pas faiblesse, venu apprendre la légitimité de te défendre, à être fort. Equilibré. Le même enseignement en « prêt à porter » ne saurait convenir à tous. Il faut du discernement. Le libre-arbitre, la sensibilité de chacun doit être respectée, d'autant que la spiritualité touche à ce qu'il y a de plus intime en chacun. Pourtant, certaines approches sont plus aptes à « endormir » les « disciples » qu'à les conduire à l'Eveil. Ces approches fondées sur la confusion sont particulièrement efficaces sur des personnes égarées par leur propre souffrance intérieure, par leurs questionnements en l'absence de repère clairs. Il s'agit généralement de systèmes compliqués, tissés d'autorité, de dogmes, de conceptions arbitraires, de principes, de dualité. On parle parfois de « secte » (qui vient de sectare, couper, se couper de) en ce sens que de tels systèmes aboutissent à créer une différence. Une différence entre soi et les autres, entre les « disciples » et les autres, le « monde profane ». C'est de la dualité, c'est une sorte de matérialisme spirituel. Les gens qui suivent ce chemin se dirigent vers une dépendance, non pas vers la libération de l'éveil. Tout enseignant spirituel devrait proposer un chemin qui conduise à l'autonomie. A des prises de conscience. Non pas à un enfermement. Restez vigilants. Lorsque l'on enferme un « maître » dans une image idéalisée, on ne rend service à personne : ni à nous-même, ni à lui. Un enseignant authentique devrait rester vigilant, ne pas permettre de telles conduites, de tels comportements d'adulation. C'est complètement pervers. C'est un délire de l'ego. Ca relève non pas de l'Eveil, mais des jeux de pouvoir. Ces petits jeux peuvent s'insinuer partout, même dans le zen. Une remise en question de l'un par l'autre est nécessaire. Vital. C'est la base de tout rapport humain sain. Ce n'est pas rendre service à quelqu'un que de l'entretenir dans ses illusions. C'est créer des entraves, générer de la souffrance, des fantasmes. C'est entretenir mutuellement des névroses, aspirer en l'autre un semblant d'amour comme un vampire fardé. Il ne s'agit pas d'idéaliser quelqu'un, il s'agit de devenir Soi. De retrouver notre visage originel, original. Non conditionné. Authentique. Il s'agit d'être présent au monde, d'être présent au corps, d'être présent au moment présent. Il s'agit d'être libre et fluide. D'être en harmonie avec le monde, en coïncidence avec la réalité telle qu'elle est. On ne peut pas trouver ça là où l'air ne rentre pas. Souvent, les gens qui sont enfermés dans de tels systèmes dualistes non aérés souffrent d'absence à leur corps. Ils planent. Il y a confusion entre « détachement" et peur de vivre ses émotions. On s'économise. Pour tout ce qui n'est pas adulation ou respect des préceptes, on devient tièdes, frileux. Pour le reste on peut devenir fanatique. Ce n'est pas ce que la Vie nous demande. Votre visage originel, votre nature propre fondamentale, n'a besoin d'aucun rituel, d'aucune modification. Tout est là, en nous-même. Infiniment et éternellement parfait. Coïncider avec notre vrai visage. En revenant au corps et au moment présent, vous pouvez le sentir, le toucher. Sans rien attendre, sans rien rechercher. Sans vous mettre en exil. Simplement s'asseoir. Etre vivant. Cette libération ne peut naître d'aucune servitude, d'aucune attente extérieure, elle ne peut pas naître si vous tentez de correspondre à une image, de ressembler à, de singer. Elle ne peut pas naître d'une discipline, c'est à dire d'une soumission. Elle ne peut que jaillir de la posture juste, d'un alignement. Dans l'instantanéité créative et vivante. Libre comme le vent. Une telle authenticité ne peut s'accommoder d'un comportement puéril de séduction spirituelle. On ne parle pas de « maître », on parle d'amis sur la voie, qui s'accompagnent de vie en vie, sans que l'un ne signale sa supériorité à l'autre par des marques distinctives, des vêtements différents, etc. On ne parle pas de vampirisme, d'un vampire suivi par des morts-vivants ou vice-versa : on parle d'amour vrai, inconditionnel. De vigilance du vivant. Dès que ceux qui empruntent une voie n'assument pas ce rôle de vigilance, de remise en question mutuelle, il y a dérapage. Et macération. Aucun enseignant spirituel authentique ne s'offusquera d'être remis en question. Ce rapport là est sain. Seul un despote spirituel s'offusquera d'entendre un doute et pratiquera « l'excommunication » immédiate des hérétiques de peur d'être contesté, privé de sa nourriture, de reconnaissance, d'obéissance aveugle. Un enseignant authentique ne peut pas exiger une obéissance aveugle : il vous rendra confiant, au contraire, « que vous pourrez faire de plus grandes choses que lui ». Confiant en la vie. Comme je le disais l'autre fois, il faut cesser de vivre dans la peur. Cesser d'enfermer l'autre et de se laisser enfermer. La peur est le contraire de l'amour. Il faut oser être vrai. Lorsque la peur vous motive, vous devenez un vampire, vous n'êtes plus créatif. Si vous vous nourrissez des autres, vous êtes un vampire. Vous participez à un film d'effroi, peuplé de momies sectaires. Le fait d'être une secte n'a rien à voir avec la taille de votre groupe : c'est un état d'esprit. Même l'administration peut être une secte. Il faut qu'il y ait réciprocité, discernement, vigilance constante, pour que le vivant puisse s'installer, l'air circuler, pour être fluide. Je vous en prie, soyez de véritables êtres humains. Respirez. Revenez à la posture, ne soyez pas en exil, en recherche, ne soyez pas absent au corps. Il n'y a que deux temps : la présent et l'absent. Revenez. N'attendez rien. La voie de la non-peur, la voie de la vrai liberté, est comme le chemin des oiseaux : ils ne suivent aucune piste, ne laissent aucune trace. Pourtant ils savent où ils vont. Respirez. Ni saisir ni rejeter quoi que ce soit. Au-delà de la dualité. Au-delà. Ensemble. Comme la montagne qui laisse passer les nuages : elle n'est pas emportée, elle n'est pas affectée. Elle est.

lundi 6 août 2012

Kusen du 6 août 2012 -

Blanc, noir. Positif, négatif. Lumière, ténèbres. Bien, mal. Bon mauvais... Toujours cette dualité qui guide nos vies, nos comportements. Comme des esclaves nous allons, endormis. Pour beaucoup de gens, le contraire de l'amour, c'est la haine. Mais d'autres disent que la haine est une forme d'amour. De l'amour en colère, en quelque sorte... Le contraire de la vie, croit-on, c'est la mort. En réalité, le contraire de la mort, c'est la naissance. En fait, le contraire de l'amour, c'est la peur. Vous pouvez le constater vous-même, dans votre corps : l'amour dilate, la peur rétracte. Maître Deshimaru disait souvent que le Zen, c'est "la voie de la non-peur". En fait, il faut bien distinguer la frayeur, réflexe naturel qui prépare physiologiquement l'organisme à la fuite ou à l'attaque pour survivre, de la peur qui est une attitude. La frayeur disparaît aussitôt, elle est instantanée. La peur, elle, est un peu comme une armure rouillée... Elle prétend nous protéger d'une menace qui n'existe plus, mais en fait nous empêche de respirer, de nous mouvoir librement. La peur crée les ténèbres dans notre corps, dans nos muscles, dans nos cellules même, dans notre empreinte génétique. Cette abstraction totale nous empêche de revenir à l'instant présent, et influence notre comportement, obscurcit la réalité que nous créons. Elle la déforme. Mais, depuis le film "Robin des Bois", l'humanité a appris que "la peur n'apporte rien à l'homme". Dans l'état de nature, la frayeur engendre un réflexe de survie et, l'instant passé, on reprend notre route libre de tout fardeau, libre de "traumatisme". C'est naturel. On sursaute, on réagit dans l'instant, puis on émerge de l'événement ouvert à l'instantanéité. Complètement disponible à un nouvel instant présent. Si on fait perdurer, si on mâchouille, si on rumine, si on revient dessus, ça n'est pas naturel, ça devient pathologique à terme. La peur établit des systèmes de pensée, des conceptions dogmatiques, des principes. Nos sociétés sont fondées sur la peur. Lorsque le sursaut initial perdure, s'établit un stress. Ce stress, cette angoisse, cette appréhension s'engrangent dans le corps, s'inscrivent dans les cellules. On vit, inconsciemment mais en permanence, dans un environnement hostile. Notre dos devient une cuirasse. Mais une cuirasse rouillée. En entrant dans ce système, on devient des êtres abstraits, coupés de la vie et de la réalité : on devient des morts-vivants. Relâchez les tensions inutiles dans les épaules. Respirez. Par la pratique, vous pouvez dépasser cette illusion d'un ego, d'une personnalité construite, conditionnée. Vous pouvez revenir à l'instant présent, à votre vrai visage. A la paix. A la liberté. A la non-peur. Inconsciemment, vous re-programmez votre empreinte génétique : vous pouvez influencer l'humanité entière, simplement en pratiquant l'assise désintéressée. Vous éloignez de l'humanité un message morbide, hérité. Vous nous ramenez à la Vie. Maître Deshimaru disait que le Zen est "la voie de la non-peur, le chemin de la vraie liberté". "C'est l'aide la plus haute que vous puissiez apporter à l'humanité". Tout était dit, là. Derrière le rideau de vos peurs, vous pouvez toucher l'Amour, vous pouvez croître au-delà d'une représentation dramatique de votre réalité, non réductrice. Vous touchez une vie illimitée, naturellement bienveillante. Vous quittez les vagues superficielles de la conscience, pour entrer dans les profondeurs de l'Océan infini. Vous pouvez toucher votre visage originel, votre vraie Nature, profonde, fondamentale. N'attendez rien, même pas la fin de zazen. Entrez dans l'impermanence de toute chose, dans la fluidité. Ne soyez pas dans la fuite ni dans la recherche. Soyez au-delà de l'attitude d'évitement et au-delà de l'idée de vouloir saisir quelque chose qui, par nature, est impermanent. Respirez. Revenez à la posture juste. "Comme la montagne qui regarde passer les nuages". Elle n'est pas emportée. Elle n'est pas affectée. La posture de la montagne vous libère. Pourtant, n'attendez rien. Respirez. N'ayez pas peur. Ayez Amour. :)

KUSEN du 30 juillet 2012 - Le détachement c'est la vie par l'instantanéité

La dernière fois, je vous ai parlé de dépassement de la dualité, de cesser de "discriminer", de faire des catégories mentales, de manger sans cesse des fruits de l'arbre de la connaissance du bien et du mal. Je vous ai parlé de cesser de marcher sur une alternance de "pavés mosaïque" blancs et noirs, dans une alternance de plaisirs et de souffrance, de bons et de "mauvais" moments. Chaque moment est un bon moment. Je vous ai parlé d'accueillir au-delà de vos filtres. Et aussi d'être sans attente, c'est à dire libre - non pas des désirs sains de l'être humain - mais de l'avidité. D'agir avec un esprit désintéressé. Neuf. Toujours frais. Détaché du résultat. Mais il est important aussi d'être détaché de nos propres projections, de nos propres sécrétions. Bref, de notre propre marécage. Par la pratique, automatiquement, naturellement, inconsciemment, vous cessez de vous identifier aux sécrétions de votre cerveau, à cette suractivité mentale qui finalement vient s'interposer entre vous et la Réalité telle qu'elle est. Votre regard devient un regard d'enfant, libre de toute représentation du monde, c'est à dire un regard dans l'instantanéité et dans l'accueil. Dans la Tradition Zen, il y a l'histoire d'un moine qui doit traverser un pont. Sur ce pont, campe un samuraï (dans les histoires zen, ils ont souvent le rôle du niais de service ; en réalité, ils pratiquaient très souvent eux-mêmes le zen et avaient un esprit fin), un samuraï donc qui défie toutes les personnes qui veulent traverser. Il faut bien que quelqu'un ait la complaisance d'avoir le mauvais rôle. Il a déjà tué huit samuraï, sûrement il a encore quelque chose à prouver. Le petit moine est le neuvième (l'accomplissement). Le samuraï lui donne un sabre. Il n'a jamais escrimé : il sait qu'il va mourir. Alors, autant mourir dignement. Il prend le sabre à deux mains, et le lève au-dessus de sa tête en fermant les yeux. Il attend le grand froid au sommet de sa tête qu'il signifiera la mort. Le samuraï engage le combat, esquisse une feinte. Le moine ne bouge toujours pas, concentré sur le grand froid qui va venir au sommet de sa tête : il attend la mort, sans bouger. Oh, se dit-il, ce moine a une grande maîtrise. Il esquisse un pas chassé de côté : le moine reste immobile. "Ce moine a adopté d'entrée une garde haute, très risquée. C'est assurément un grand maître de sabre : soyons prudent". Le samuraï tourne autour du moine, multiplie les feintes, les ouvertures de garde appelant une réaction fatale. A sa stupéfaction, le moine ne tombe pas dans le piège, il reste sans bouger, concentré sur le sommet de son crâne. Finalement, le moine est tiré de sa concentration par les pleurs du samuraï qui, à genoux devant lui, le supplie d'épargner sa vie... Dans cette histoire, le samuraï bougeait sans arrêt, empli d'interrogations, d'analyses, de principes, d'attentes, de techniques, de choses extérieures amoncelées : il était déjà mort, vaincu, abstrait, en exil. Le moine était dans l'accueil de ce qui est, dans l'instantanéité. Vivant. Réel. Dans le zen, on dit qu'il est important de vivre le moment présent avec ce corps. Car il est la porte de l'éternité : c'est le seul qui soit vivant. Le passé est mort, le futur n'existe pas, ce ne sont que des vues de l'esprit. (rappel de la posture) Revenez à la posture juste, dans le dojo comme dans la vie quotidienne. Toujours frais d'instant en instant. Toujours frais. Ne coagulez pas votre esprit. Ne stagnez pas sur vos pensées, ne stagnez pas sur vos émotions. Laissez-passer. Soyez de véritables êtres humains. Il n'est pas nécessaire de toujours rechercher notre bien-être à l'extérieur. De se mettre en exil. C'est une course toujours inassouvie, avec beaucoup de souffrance. Ne cherchez pas à saisir ni à rejeter quoi que ce soit. Laissez-passer, dans la fluidité. Revenez au moment présent. A ce corps. N'attendez rien. Vous n'avez pas besoin d'adhérer à des conceptions erronées, à des croyances, à des dogmes. Vous n'avez pas besoin d'être quelqu'un d'autre que ce que vous êtes déjà. Tout est là, de toute éternité. Revenez à votre vrai visage "avant la naissance de vos parents". Non conditionné. Respirez. Laissez se dissoudre les tensions inutiles. Dans votre cerveau, dans vos épaules. Laissez-passer. "Comme la montagne qui regarde passer les nuages". Elle n'est pas emportée, elle n'est pas affectée. Zazen, c'est la posture de la montagne. L'assise désintéressée. Sans but, sans objet, sans esprit de profit. Au-delà des catégories mentales. Au-delà. Toujours frais. Revenez à la posture juste. Avec le corps. Revenez au moment présent. Ne vous laissez pas emporter. Restez vivants.

dimanche 5 août 2012

KUSEN du 23 juillet 2012 - Etre libre d'attentes

Souvent, je vous parle de la dualité. La cloche vous en parle aussi, au début de zazen : deux coups, puis un coup. Par la pratique, le deux devient un. On passe de la dualité à l'unité. On n'est plus un être morcelé, écartelé entre blanc et noir, positif et négatif, etc. On devient comme un moine (monos), un être unifié. On réconcilie en nous les apparents contraires. On trouve l'harmonie cosmique, au-delà de l'idée de bien et de mal, de bon et de mauvais... C'est l'éveil à une autre compréhension. On vit complètement ce qui est, sans rien interposer entre nous et la réalité. En vivant simplement, naturellement, la vie et non plus la représentation abstraite que l'on en a. Comme je le disais, on cesse de manger des fruits de l'arbre de la connaissance du bien et du mal, pour manger de nouveau les fruits de l'arbre de Vie. On redevient vivant, un véritable être humain. Les Templiers exprimaient cela dans leur sceau : deux cavaliers sur un même cheval. Egalement, ils l'exprimaient sur leur bannière, le Baucéant, blanche et noire comme les vêtements du moine zen. Au delà de la dualité : un message intemporel. Mais ils exprimaient aussi un autre principe intemporel. Leur devise était : "Non nobis, Domine, non nobis, sed Nomini Tuo da gloriam" (pas pour nous, Seigneur, pas pour nous, mais pour la gloire de Ton Nom). Ma grand-mère disait "qu'il n'y a que l'intention qui compte". Et le zen l'exprime par MUSHUTOKU : sans but, sans objet, sans esprit de profit. C'est agir avec désintéressement. Pas pour nous, pas mû par l'ego, par l'assemblage de nos conditionnements et de nos constructions illusoires, pas mû par nos désirs mais en harmonie naturelle avec la Vie et l'intelligence cosmique. Vous pouvez appeler ça Dieu si vous voulez, ou Bouddha, ou la Vie. SANS ATTENDRE. Sans saisir ni rejeter quoi que ce soit. Etre libre d'attentes. Au-delà de l'esprit d'avidité. Intime avec votre vrai visage, qui n'est pas séparé. Seulement par la pratique, vous pouvez le comprendre. Mushutoku. Sans but, sans objet, sans esprit de profit. (rappel de la posture) Quand vous êtes sans attente, vous n'engendrez aucune souffrance. On dirait de nos jours que vous êtes "en phase avec la vie"... Alors, pas besoin de se mettre en exil, tout est là. Sans but, sans objet, sans esprit de profit. Seulement s'asseoir. Ne stagnez pas sur vos émotions. Ayez la sagesse de vivre la joie. Elle est un aspect de Bouddha. Respirez. Ressentez ce léger sourire intérieur.

lundi 25 juin 2012

Le masque de la souffrance - kusen du 25 juin 2012

Souvent en Occident, on parle de karma, de détachement... Rien n'est moins bien compris que ces notions. On croit que devenir « détaché », c'est devenir insensible, comme un arbre mort. Etranger à notre propre vie, alors que c'est vivre intensément chaque moment, sans rien interposer, aucune représentation mentale, entre nous et la réalité. Le karma n'est pas une quête de « bon points » et une fuite des « mauvais points », un évitement des risques, un évitement de l'expérience terrestre, le chemin des « tièdes ». Le karma n'est pas un appel à la dualité. Nous sommes sur cette planète, dans ce corps de chair, pour faire l'expérience de la vie. Chacun avec l'originalité de notre chemin. Cette expérience doit être faite, accomplie, ces événements doivent nous traverser, ces leçons doivent être intégrées : ce quotidien est notre meilleur enseignant. Ce qu'est le Karma, c'est un regard particulier sur les faits : un regard qui nous enchaîne dans la souffrance. Il y a une grande différence entre la douleur et la souffrance. La souffrance est la représentation que l'on se fait de la douleur. Ce n'est pas la réalité. C'est l'interprétation de la réalité, que l'on s'approprie. Par exemple, en zazen une douleur peut apparaître. Si vous la laissez envahir votre champ de conscience, cette douleur devient une souffrance. La douleur est inévitable. La souffrance résulte d'une façon que l'on a de se raconter notre histoire. De stagner sur des émotions. De coaguler notre esprit. De n'être pas libre. On est enchaîné dans un cycle de cause à effet, de séquence à conséquence, dans une alternance de rôles bourreau/victime/sauveur. On ne trouve pas la sortie, verticale. On subit. On se cogne partout comme un aveugle, sans comprendre ce qu'il nous arrive. Si on perd un de nos parents, un compagnon de vie, un emploi, on se sent orphelin, abandonné, perdu, triste. Ou a peur ou on est en colère. Rien n'est simple. La vie est dure. On nourrit la souffrance. Le Bouddha est venu nous dire que cette souffrance n'était pas indispensable. Elle est seulement la marque que notre attitude intérieure n'est pas juste. Le signe que nous élaborons à partir de notre vie une histoire dramatique. Pétrifiée. Lorsque l'on quitte le cycle du karma, on entre dans le dharma. Une autre compréhension des choses. Même si les événements sont semblables, notre façon de les vivre est différente. On renaît simplifié. Tout devient fluide, souple, facile, clair. La réalité est telle qu'elle est. Chacune de nos expériences devient une occasion de croissance. Parce que l'on a vécu cette souffrance, elle nous permet de comprendre la souffrance des autres, d'éprouver de la compassion. Au lieu de nous détruire, notre histoire nous construit. On tire le fruit de l'expérience. La vie n'est plus injuste, on comprend intimement que chaque chose est à sa place, dans ce monde-miroir. Nous n'avons plus besoin de nous définir à partir d'un mythe, d'une histoire dramatisée, d'un personnage. On est dans l'accueil de l'instant présent. Eveillé à la réalité telle qu'elle est. Présent. Vivant. Libre. On pratique le détachement, qui n'est pas l'évitement des désirs sains de l'être humain, mais l'extinction de l'avidité, de l'idée de saisir ou rejeter quoi que ce soit. On abandonne la dualité. Etymologiquement, le diable, c'est dia-bolein. « Jeter séparément », séparer, diviser. Moine, ça vient de « monos », qui ne veut pas dire « être seul », mais être unifié. Cette extinction de la dualité en nous, c'est un chemin de liberté, de réalisation. On est tous appelés à être moines, à nous rendre capables d'aimer sans attente, d'incarner le bonheur dans ce monde. Devenir moine au sens large, c'est devenir un véritable être humain. C'est ce que je vous souhaite. Arrêtez de vous apitoyer sur vous-même et prenez la vraie dimension de votre vie. Trouvez votre vrai visage. Non conditionné. Votre nature profonde. Par la pratique, vous pouvez le comprendre, le ressentir, devenir intime avec vous-même.

lundi 18 juin 2012

L'exil du Paradis. Kusen du 18 juin 2012.

Le Paradis est ailleurs. On ne mesure pas combien cette représentation du monde nous imprègne, que l'on soit « croyant » ou pas. Le Paradis existait bien avant notre naissance, dans le Ciel. Par le pêché de nos ancêtres, nous vivons désormais éloignés du jardin d'Eden, « condamnés à gagner notre vie à la sueur de notre front », à souffrir en paiement de cette infraction. Dans ce « concept », Eve et le serpent étaient les contrevenants, Adam la victime. Dieu un monarque courroucé, qui ne peut assurer notre rédemption que si nous faisons preuve d'humilité, de repentir, en attente de la grâce divine. Nous vivons donc en pénitence, dans un vaste pénitencier, soumis à une divinité extérieure et lointaine. Seules nos lamentations, relayées par une autorité religieuse (toujours extérieure) pourraient inviter cette grâce divine à poser sur nous un regard salvateur. Or, ce regard salvateur est en nous. Par ce conte, des générations d'êtres humains ont porté une culpabilité ou joué un rôle de victime, et oublié le Paradis qu'ils portent en eux, au coeur d'une Nature qui contient Dieu en chacun de ses points. Même les âmes virginales nées à la Terre devaient être baptisées sous peine de ne pouvoir rejoindre la communauté divine. L'histoire du Paradis perdu, c'est l'histoire de nos yeux d'enfant qui se ferment, pour s'ouvrir sur la dualité. Sur une représentation erronée de la réalité. L'exil n'est pas géographique. Cet exil n'est autre que l'exil de nous-même. On cesse d'être en contact avec notre vraie Nature, profonde, fondamentale, originelle, pour croire à une personnalité acquise, pour adhérer à un ego conditionné, pour s'identifier à un mythe. Le bouddhisme, le zen, vont nous conduire à l'Eveil, nous libérer de la souffrance. Nous allons pouvoir retrouver un regard toujours neuf, toujours frais d'instant en instant, ce regard d'enfant dont parlait le Christ. Mais attention, l'histoire des masques de la dualité est tenace. Même le vêtement des moines zen laisse entendre que moi je suis pur et vous non. Je porte un kimono blanc, vous un kimono noir. C'est chargé de sens, ça veut dire qu'il vous reste un chemin à parcourir pour retrouver votre essence divine. Chargé de sens et complètement faux. Libérez-vous des dogmes et des structures, de l'idée d'un ailleurs-meilleur, de l'idée de devenir quelqu'un d'autre que ce que vous êtes, d'obtenir des décorations et une reconnaissance, l'accord d'une autorité extérieure qui vous soumettre à une morale extérieure. Retrouvez la simplicité de l'instant présent, le plaisir d'un enfant jouant au milieu de fleurs de paradis qui ne l'ont jamais quittées. Retrouvez l'innocence! Revenez au corps, à la posture juste, respirez, laissez-passer, ne coagulez pas votre esprit. Revenez à la fluidité. Jouez dans la danse joyeuse de l'impermanence. Il ne s'agit pas seulement d'accepter la dure loi de l'impermanence. Il s'agit de comprendre qu'il s'agit d'une merveilleuse opportunité de ne pas stagner, de jouer à l'Amour entre essence et phénomènes. D'être complètement vivants. Complètement éveillés au bonheur magique d'être vivant. Le magicien, c'est vous. Combien il est bon de simplement vivre. Vous ne le sentez pas?...

lundi 11 juin 2012

La racine du conflit n'est pas en l'autre (kusen du 11 juin 2012)

Pratiquer le zen, c’est être amoureux de la vie. Je ne mets de majuscule, ni à zen, ni à vie. Parce qu’il n’y a pas deux zen, un qui serait sacré avec majuscule, et un autre en dehors du dojo, qui serait moins précieux. Et parcequ’il n’y a pas la Vie avec majuscule, sacrée, et la vie ordinaire. Si vous pratiquez le zen, vous comprenez à partir de la posture, à partir de votre corps, de votre inspir, de votre expir, que tout est sacré. Il n’y a pas de dualité. Si vous comprenez cela, vous pouvez arrêter de papillonner, de vous agiter, de cultiver la vanité. Vous entrez dans les profondeurs du grand océan. Simplement assis, en équilibre sur votre respiration, les pensées s’élèvent naturellement. Mais vous restez concentrés sur la posture, sur l’expiration, vous laissez passer « comme la montagne qui regarde passer les nuages » : elle n’est pas emportée, elle n’est pas affectée. Vous ne vous engagez pas dans des discussions, vous ne faites pas de construction mentale, vous ne vous identifiez pas aux sécrétions du cerveau. Sans saisir ni rejeter quoi que ce soit, vous êtes libre. Au-delà de l’illusion d’une représentation du monde, vous touchez l’essence, intimement mêlée aux phénomènes. Au-delà de l’avidité, de la crainte, au-delà de l’attachement à des comportements souffrants, au-delà du réflexe de refermer votre main sur une poignée de sable ou au-delà de l’idée de fuir ce qui est là, vous pouvez enfin voir votre vrai visage. Disponible à la vie, au moment présent, toujours neuf, ouvert aux désirs sains de l’être humain, sans attachement, sans coaguler votre esprit. Sans crispation. Dans la fluidité. Respirez. Relâchez les tensions dans les épaules, dans le visage. Etirez bien la colonne vertébrale, laissez-la se dérouler vers le ciel comme un ressort, les genoux ancrés dans le sol. Libre dans la danse éternellement libre de l’impermanence. Durant la pratique, c’est facile. Dans le calme du dojo, on peut laisser passer les pensées, ne pas stagner sur les émotions. Actualiser avec ce corps la pratique du Bouddha. Mais dans la vie quotidienne, c’est moins facile, à la maison vos proches peuvent rapidement vous conduire au bord de la crise de nerf. Si quelqu’un vous manque de respect dans la rue, sur votre lieu de travail, une escarmouche éclate. Chacun campe sur ses positions, veut faire triompher son point de vue, démontre qu’il a raison. Chaque amorce de drame est une proposition à prendre conscience, à vous détendre. Rien ne vous obligé à vous engager dans un conflit, si ce n’est la part blessée de vous-même. Qui a besoin de reconnaissance. D’être compris, estimé. Il y a une histoire zen, où deux bœufs se battent. Tout en se battant, les cornes entremêlées, ils entrent dans l’eau, personne ne veut lâcher et ils se noient tous les deux. Il y a une autre histoire, où deux disciples se disputent et finalement vont voir un moine pour un arbitrage. Le premier expose son cas. Le moine dit : « oui, tu as raison ! ». Le second rétorque alors, en exposant son point de vue. Le moine répond : « oui, tu as raison ! ». Le premier moine dit alors : « mais, Maître, vous ne pouvez pas nous donner raison à tous les deux !!! »… Le moine répond alors : « oui, tu as raison ! ». La vie quotidienne est votre meilleur enseignant. Il n’y a pas de différence entre la vie quotidienne et le dojo. Tout lieu est un dojo, l’occasion de pratiquer la Voie. La Voie, c’est juste un autre mot pour dire que notre mission sur cette Terre est le bonheur et que nous sommes à l’école de l’Amour. Revenez à la posture juste, à l’attitude juste. Respirez. Laissez-passer. Ne vous exilez pas du moment présent. Ne soyez pas de être abstraits. Soyez de véritables être humains. Libres des fantômes de vos anciennes blessures. Ne soyez pas réactifs. Il n’est pas nécessaire de vous engager dans la folie des autres, dans leurs luttes, dans leur histoire. Toute guerre est sans issue. Trouvez l’issue verticale du conflit. Votre vraie nature. Non conditionnée. Veillez à un fin contact entre les pouces. Relâchez les épaules. N’oubliez pas de respirer. Présents. Il n’y a que deux temps : le présent et l’absent. Revenez.

lundi 28 mai 2012

Libre des tensions - kusen du lundi 28 mai 2012

Lorsque vous arrivez au dojo, vous déposez vos chaussures d'une certaines façons. Observez. Vous entrez, encore plein des préoccupations de votre vie quotidienne, de vos douleurs, de vos espoirs et de vos craintes... Vous savez ce que vous voudriez que le monde soit. Vous vous asseyez en zazen et commencent à défiler des images, des émotions liées à des mémoires, à des constructions pour l'avenir. Votre corps exprime ces contraintes, ces doutes, ces illusions. Observez. Pendant zazen, ne faites pas de constructions mentales, ne saisissez rien, ne soyez ni dans l'attachement, ni dans l'évitement. N'adhérez à rien, ne repoussez rien. La libération n'est ni dans un dogme, ni dans une fuite. Ne vous raidissez pas. Soyez fluide. Posées, les mains sont libres. La respiration est profonde, paisible, libre, vaste. Relâchez les tensions inutiles dans vos épaules, les tensions du visages. Voyez clairement les pensées qui s'élèvent. Ne discriminez pas. N'entretenez pas le dialogue. Voyez et laissez filer. Ne vous laissez pas emporter par les pensées errantes. Ne vous laissez pas saisir. Ne perdez pas l'instant présent. Ce corps est la voie. Il porte l'empreinte indélébile de l'éveil. Le potentiel d'être vigilant, présent à soi, vivant, libre, au-delà du passé et de l'avenir, au-delà de la naissance et de la mort. Au-delà de l'illusion du temps. Au-delà de l'illusion de la représentation que nous nous faisons de l'existence. Cessez le dialogue. Revenez simplement à la posture. A votre respiration. Ne vous focalisez sur rien. Ne refermez pas vos mains. Vouloir saisir ou rejeter est une grande souffrance. Laissez-aller. Relâchez les épaules. Respirez. Libérez-vous de la prison des mots, des jugements, des conceptions. Redevenez un enfant. Avec un regard éternellement neuf. Le Paradis a toujours été là. Si vous ne le recherchez pas, vous le toucherez.

lundi 21 mai 2012

La sincérité dans la pratique - kusen du lundi 21 mai 2012

Il est essentiel de pratiquer "comme un enfant qui vient de naître". Sans rien rechercher. Sans vouloir reproduire quoi que ce soit. Sans vouloir obtenir quoi que ce soit. Il faut être vigilant. Le zen n'est magique que s'il est désintéressé, si un lâcher-prise sincère s'effectue. "Mushutoku", c'est l'action désintéressée dont je parlais l'autre fois. Sans but, sans objet, sans esprit de profit". Les Templiers disaient "Non nobis, Domine, non nobis, sed Nomini Tuo da gloriam". C'est un principe universel. D'abandon de l'ego, d'ouverture des mains donc du coeur. C'est lâcher nos crispations, nos peurs, faire confiance à la Vie. Vivre. Aimer sans attachement, être vaste, non limité, être libre. Pratiquer zazen est la forme la plus haute de ce service désintéressé. Il est vigilance dans l'action. Mais zazen est indissociable de "samu". Méditation et action sont la paume et le dos d'une même main. Lorsqu'on pratique le service désintéressé, l'amour sans objet, les fruits, les fleurs, éclosent automatiquement, naturellement, inconsciemment. Mais il est important de continuer à pratiquer "sans esprit de profit". De demeurer vigilant. Pendant zazen, on peut observer, voir nos conditionnements, nos illusions. Elles repoussent comme des cheveux. Les moines les coupent tous les jours. Ne vous laissez pas déterminer par vos peurs, par des dogmes, par des conceptions erronées, des attachements à ce qui n'est pas désir sain de vie. Soyez libre du morbide, donc de la souffrance. Laissez-passer. Soyez la fluidité. Si l'eau cesse de circuler, d'être libre, elle stagne. Devient un marécage. Soyez le vaste ciel, sans dualité. Les nuages passent, mais vous restez vaste, essence et phénomènes à la fois, sans séparation, sans barrière, sans construction mentale. Illimité. Vent et arbre, lune et rivière. Soyez vivants. N'attendez rien. Ne craignez rien. Soyez de véritables êtres humains, avec le regard de Bouddha qui dissout les illusions, ce qui est "sans substance", c'est à dire ce qui n'est pas authentique, pas vivant. Soyez la Vie.

dimanche 13 mai 2012

Kusen du 14 mai 2012 - la vie est possible sans les attentes - le bonheur au-delà de l'alternance des joies et des peines

Le Zen n'a pas d'avenir en Europe. (observez comment votre mental réagit à toute injonction, à toute stimulation) Le Zen n'a pas d'avenir en Europe; Le Zen est Présent. Lorsque le Zen parle de présent, ne croyez pas que vous devez penser au présent. Il est essentiel d'ETRE PRESENT. Il n'y a que deux temps : le présent et l'absent. Soyez présent. C'est à dire vivant. N'attendez rien de la vie. Vivez-la. Sentez-la. Maintenant. Ne gaspillez pas l'instant. Comprenez combien être assis est précieux. Au-delà des verbiages. Comprenez. Avec ce corps. Si vous êtes désintéressé, vous ne vous laissez pas emporter. Pas d'aspérité. Sans but. Ne poursuivez rien. N'attendez pas de résultat. Soyez là où vous êtes. La plus haute motivation, c'est de ne rien "désirer", c'est à dire de ne pas partir en exil. Sans but, sans objet, sans esprit de profit, c'est le chemin de la vraie liberté. On peut vivre la vie libre d'attentes. L'esprit de profit entretien les attentes, les aspérités, les attachements morbides. Ne les nourrissez pas. Prenez soin de la racine. Le bonheur inconditionnel, non duel, viendra au moment le plus inattendu si vous ne le recherchez pas. C'est comme guetter un chevreuil "au poste". Si vous bougez, il ne vient pas. Si vous le poursuivez, il s'enfuit. Laissez tomber toute convoitise. Toute idée d'obtention. "Non nobis, Domine, non nobis"... Pratiquer zazen est le don suprême. ... Si vous cessez de nourrir le singe, les poings s'ouvrent : vous pouvez aimer sans attente, être heureux sans conditions. C'est un vrai soulagement.

lundi 20 février 2012

Kusen du 20 février 2012 - l'attention solaire

Dans l'histoire du "Capuchon bleu" issu des "Contes de la lune et de la pluie" que je cite quelquefois, un moine devenu fou sème la terreur dans les villages en mangeant des cadavres. Il est devenu fou parce que l'objet de son désir est mort. Depuis, il erre...
Pourquoi une histoire comme ça figure-t-elle dans un recueil de la Tradition?...
Dans la vie de tous les jours, on ne raconte pas de telles horreurs.
On est poli. On est une belle personnalité.
On a les plus beaux masques. Il nous arrive des choses formidables, si intéressantes.

On est séduisant. On est malin. Quand ça ne marche pas, on peut devenir violent, le plus fort.

Tout ça pour capter l'attention, l'énergie, pour exister par le regard de l'autre, comme la lune capte les rayons du soleil.

Elle n'a pas trouvé sa lumière propre, alors elle doit chercher à l'extérieur, et être dépendante des cycles et des quêtes, oublieuse de ce que l'extérieur n'est qu'un miroir.
Vous ne pouvez pas vous nourrir des autres, sinon vous ne mangerez que des cadavres, vos relations seront exemptes de vie.

Par la Pratique, revenez au corps et au moment. Sans attente. Sans attachement à des conceptions, à des représentations. Trouvez votre propre énergie.
Par la Pratique, votre identification à ces masques que nous portons tous dans la vie de tous les jours décroît. Plus besoin d'attributs, plus besoin de qualificatifs.
Vous pouvez revenir à la réalité telle qu'elle est - fondamentalement simple - à votre vraie Nature, profonde, originelle.
Vous pouvez passer de l'état de lune à l'état de soleil, sans être ni lune ni soleil bien au contraire.
Libre des oppositions, libre des apparents contraires enfin réconciliés. Actualisant avec ce corps la pratique de l'éveil, la dimension adulte de votre vie.

Si vous êtes excessivement attaché à un "amour terrestre", et que cet amour prend fin pour une raison ou pour une autre, vous souffrez, vous n'êtes plus libre, plus dans l'accueil de ce qui est, vous n'êtes plus disponible : vous mangez des cadavres.
Libérez-vous du passé, soyez sans attente mais ouvert, vivez le présent.
Cette libération peut être aussi instantané que de s'émerveiller devant une fleur.

Savoir s'émerveiller est le secret du bonheur.

Aussi, ne stagnez pas.
Quand on stagne, on devient un marécage, même nos émotions deviennent putrides. On se fait piquer par des moustiques, par tout un tas de bestioles.
Soyez fluide.
Accueillez l'impermanence.
Accueillez tous les cadeaux de la vie, qui jaillissent quand on n'attend pas, c'est à dire quand notre regard sur le monde n'est pas réducteur.

N'attendez rien! Vivez!
La vie passe comme une flèche.
Elle est éphémère et fragile comme la goutte d'eau qui tombe du bec du héron.
Infiniment précieuse.
Ne la pétrifiez pas par une posture d'attente. Laissez-la couler. Ouvrez vos mains.
Tout est déjà là. Cessez toute poursuite.
Respirez.

lundi 6 février 2012

kusen du 6 février 2011 - Au-delà de la dualité, pas de duel ni de représentation

Souvent, je vous parle de dualité, de dépasser la dualité, de devenir de véritables êtres humains, non pas des êtres abstraits.

Ce n'est pas pour vous inciter à coller à une image idéale.
C'est pour vous aider à vous aider vous-même à devenir vivants.

Le zen est simple.

La vocation du bouddhisme est l'éveil. L'éveil à la réalité. L'éveil à la réalité telle qu'elle est.

Ne pas être simple crée de la souffrance. Ne pas être éveillé crée de la souffrance. Etre dans la dualité, dans la division, dans le morcellement, est une grande cause de souffrance. C'est même la racine de la souffrance.

Il est essentiel, non pas important mais essentiel, de faire décroître la souffrance de la distance. Distance à la réalité, distance aux choses, distance aux êtres. Donc distance à soi, à notre vraie nature. Distance au cosmos.

Ne vous attachez pas aux mots, aux conceptions. Il faut aller au-delà des représentations que vous vous faites du monde, pour toucher le monde.

Les mots ne sont rien. Sentez la vie. Soyez vivant.

Une conférence sur l'eau ne peut vous désaltérer. La carte n'est pas le territoire. Il ne suffit pas de le dire, de le penser. Il importe d'aller, non pas par votre mental mais avec vos tripes, au-delà des illusions (pour employer la terminologie bouddhiste), c'est à dire au-delà de la représentation de la vie.
Au-delà de la dualité.

Regarder la vie avec un oeil propre, lavé, neuf, éveillé.

On se promène tous dans la rue avec une bulle, au travers de laquelle on perçoit une représentation de la vie déformée par nos fantasmagories. Parfois la bulle est tellement pétrifiée, qu'on se promène comme des morts-vivants.

Par la pratique du zen, vous pouvez déchirer cette coquille qui vous entoure et qui vous empêche de sentir la vie vivante, la vie telle qu'elle est, non comme vous la concevez, non comme vous la dramatisez.

« S'il y a l'épaisseur d'un cheveu entre vous et la réalité, alors s'ouvrent les portes de l'enfer »...

Cesser de s'identifier aux sécrétions du cerveau, aux pensées, à la suractivité mentale.

Revenir à la posture, à la respiration, laisser-passer les pensées « comme la montagne qui regarde passer les nuages ».
Les vagues de nos fantasmes se brisent sur la montagne de zazen.

Vous pouvez cesser d'exister enclos dans des opinions, dans des conceptions erronées, dans des dogmes, dans la prison de la représentation que vous vous faites des choses.

C'est le chemin de la Vraie Liberté. De l'éveil à la réalité telle qu'elle est : on naît avec un regard neuf, toujours frais d'instant en instant, disponible à un nouvel instant présent.

mardi 20 décembre 2011

LA CARTE N'EST PAS LE TERRITOIRE

Souvent, dans le Zen, ou même d'une façon générale dans les "écoles de sagesse", on vous parle de "vivre l'instant présent".
Carpe diem...

Qu'il y ait un "présent" sous-entend qu'il y ait un passé et un futur. Un "temps"...
Mais fondamentalement, qu'est-ce que le temps?

Que le mental se pose la question est étrange, car le mental crée le temps.
Le mental divise la vie en hier, en aujourd'hui, en demain.
Il crée l'illusion. C'est à dire une représentation de la vie à la place de la vie.

Par la pratique seulement, vous pouvez comprendre et dépasser la nature de cette illusion.
C'est au moment de "l'arrêt" de la pensée qu'existe le "maintenant". Suspendu entre inspir et expir...

La sensation du "présent" est différente du "présent" en tant que mot, en tant que représentation.
Elle réside dans un état d'innocence, où rien ne fait intrusion, où rien ne s'interpose entre votre conscience et la Réalité.
On est là au-delà des représentations, des systèmes, de ce que le Zen appelle des "conceptions erronées".

Cette sensation du moment présent, vivant, réside dans un état d'innocence.
Pas dans la dualité d'une représentation, d'un concept. Pas dans une abstraction, dans une capture.
Par la pratique, on meurt à chaque instant à ce que le mental a saisi, capturé, à ce à quoi il s'accroche.

On entre alors dans la fluidité, dans la "vraie liberté" qui est cet état d'innocence dont parlent toutes les religions : "redevenir comme un petit enfant".
Cette voie est une voie sans chemins, c'est à dire au-delà des divisions mentales, des catégories, des jugements, des croyances, tout ce qui "pègue"...

Sortir de l'illusion, c'est entrer pleinement dans le vécu, dans l'innocence.

C'est abandonner "l'arbre de la connaissance du bien et du mal" pour goûter enfin les fruits de l'arbre de Vie.

Ne cherchez pas la sainteté : revenez à l'instantanéité.

vendredi 15 mai 2009

Etre ou faire, une histoire d'ego?...

Certaines personnes se disent en chemin sur une voie "spirituelle" et d'autres sont plus orientées vers "l'action".

Faut-il donc se dresser contre l'inacceptable, ou s'intérioriser pour répandre dans ce monde des ondes de paix?... Se lever ou rester assis?

Demeurer en soi ou aller dans le monde?

Méditer ou agir?...

...

Quel besoin avons-nous d'opposer le jour et la nuit?

L'un n'existe pas sans l'autre.

Quel besoin avons-nous d'opposer les saisons?

...

La méditation engendre l'action juste, ainsi que le geste juste est semblable à une prière.

Mais il n'est aucun principe à combattre.
Rome, le Nouvel Ordre Mondial, tous les tyrans ne sont que le reflet extérieur du principe intérieur d'incohérence qui nous tient éloigné de notre propre Source lucide.

Toutefois, il existe une Liberté au-delà de nos limites et des marges, au-delà même de l'éternelle même feuille de papier qui nous est présentée.

L'Ombre se nourrit de ce qui, en nous, ne se pense pas Vaste. Mais même la Lumière pauvre sert la Vie, à son insu.

Aucune peur n'est nécessaire.

Etre et agir juste sont nécessaires.

...

Il existe actuellement une mode, qui consiste à faire de l'ego un ennemi.

L'ego exacerbé est cultivé aussi dans les structures "spirituelle" ou de développement personnel qui fleurissent et appellent à "abattre l'ego". C'est qu'il faut bien désigner un ennemi pour exister. Cela même est le principe de fonctionnement de l'ego exacerbé.

Mais la Vie n'a pas d'ennemi. Elle est au-delà de toute dualité. De tout "duel".

L'ego est le médiateur privilégié entre la Matière et l'Esprit.

La Matière elle aussi est sacré. Elle est Supraconscience engourdie et en devenir.

Ne vous laissez pas détourner de l'Amour. Ce qui Est est aussi en vous.

...

Nous vivons une époque de confusion qui est aussi celle de la libération des noeuds.

Une époque de possibilités sans limites.

Le changement vibratoire et donc de code ADN qui est à l'oeuvre jusque dans les corps physiques se traduira sans aucun doute dans la nature même du monde par l'émergence de nouvelles règles.

Tout est interdépendant.

La neige blanche et les feuilles rousses sont belles ensemble.

Comme l'Etre et l'Agir.

vendredi 17 avril 2009

Au programme...

Nous sommes tous des êtres sensibles, traversés par une existence, des phénomènes, une vie quotidienne.

Cette existence est tissée d’une alternance de joies et de peine, de bonheurs et de chagrins, avec toute la palette de toutes les tonalités entre l’euphorie et la souffrance.

Nos émotions sont réelles, nous pouvons les ressentir fortement, et la plupart du temps, si nous les observons, nous pouvons voir qu’elles sont provoquées non pas par la réalité, mais par l’idée que nous nous faisons de cette réalité, déformée par nos attentes, nos projections, nos constructions mentales, notre passé, les blessures de l’enfance, les parties de nous que ces blessures ont coagulées.

Naturellement, nous tentons avec persévérance de nous soustraire à la souffrance par des attitudes d’évitement, et de reproduire le plaisir par un comportement de saisir ce que nous ressentons comme bon ou sécurisant.

Quelquefois, on peut se rendre compte que nous avons toujours tendance à reproduire les mêmes programmes, les mêmes schémas, les mêmes erreurs, à retomber dans le même trou. Comme malgré nous. Comme si ces programmes et ces mémoires engrangés dans le corps nous déterminaient à notre insu.

Même parfois on s’en rend compte, on observe, mais c’est plus fort que nous. On reproduit. On est dans les non-choix. Dans la reproduction ou dans la réaction excessive. On n’est pas libres. La vie nous fait traverser des évènements que nous comprenons - confusément ou avec plus de lucidité - ne pas être, comme on le dit dans les tribunaux, « d’une volonté libre et consciente ».

Quelquefois, en dépit de notre compréhension de ces processus, les phénomènes subsistent.

Comme les douleurs pendant zazen.

On a mal à tel endroit. Si on fait un peu de décodage biologique, par exemple, on a compris depuis longtemps que c’est en relation avec telle ou telle chose. Mais la douleur subsiste.

Au-delà de la compréhension intellectuelle, la vie nous conduit à vivre ça. Pas la peine de se poser de questions. On a juste à le traverser en restant centré. Le nez à la verticale du nombril.

Il n’y a pas que les bonnes choses qui soient impermanentes. Ca aussi passera. Ca va lâcher. Respirez. Laissez-passer. Tout est à sa place.

mardi 7 avril 2009

MENSONGES ET VERITE : UNE QUESTION DE MEMOIRES...

L'on croit parfois se simplifier l'existence par un mensonge ou des non-dits. Mais ce déni de soi et de notre vérité toute simple nous emprisonne en fait dans des complexités inextricables dont nous sommes les seuls créateurs. "La vérité vous libèrera".
Mais qu'est-ce que la vérité?...
Mensonges et vérité : une question de mémoires...

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Lors de la première ordination, dans le zen, on fait un certain nombre de voeux, qu'on réitère lors de l'ordination de moine.

Parmi ceux-ci, le voeu de "ne pas mentir".

C'est un voeu très important... pour simplifier notre vie, être authentique, en adéquation avec nous-même et non pas morcelé par la fuite, l'évitement.

En étant vrai, on se réunifie avec notre existence.

Le mensonge est une pure création du mental. Il nous lie (souvent par peur ou par intérêt) à une création illusoire, erronée, qui nous appauvrit tant il est vrai que l'on ne peut tromper que soi-même. "Lie" est d'ailleurs le nom du mensonge en anglais.

Il confère à l'autre (tout-puissant) le pouvoir de nous lier en nous éloignant de notre vérité, le pouvoir de nous pousser à nous nier. De nous enchaîner - par ce "jeu de pouvoir" qui ne peut se jouer qu'à deux - à son propre "corps de désir" (qui n'est pas le notre), à ses exigences. De nous entrainer dans une confusion, où chacun est finalement "objet" de l'autre.

Entrainé dans des non-dits et des dérobades par la crainte de se positionner, on perd son chemin intérieur (qui est toujours original, unique) dans la négation de soi.

"Ne pas mentir" n'est donc pas l'expression d'une morale extérieure simplette, mais bien le cadeau que nous pouvons nous faire ici et maintenant dans notre vie quotidienne, pour nous restituer à nous-même.

Etre vrai, dire vrai, est finalement beaucoup plus facile que ce que l'on croit, et ce pouvoir simplificateur nous redonne beaucoup d'énergie et de clarté. C'est la forme adulte de notre relation aux autres.

Mais avant tout, il importe de ne pas se mentir à soi-même.

De devenir intime avec soi.

Pour cela, la pratique de zazen est inestimable.

Revenez à la posture juste. Pendant zazen comme dans votre vie quotidienne.

...

Il est très important d'être authentique et dans notre vérité.

Mais qu'est-ce que notre vérité?

Est-ce soumettre l'autre à nos points de vue?... A nos conceptions?

Est-ce s'identifier nous-même à nos vieilles mémoires, aux schémas qu'elles ont engendrés et qui nous déterminent à notre insu? Nous font réagir au lieu d'agir?

Ou est-ce être dans l'accueil de la Vie et dans l'acceptation de ce qui est?...

Est-ce nous penser limité? Ou est-ce libérer en nous un chemin ouvert, au-delà des contractures et des blocages, au-delà des structures mentales tyranniques mais que nous ne voyons même plus?...

Notre vérité réside-t-elle dans des prises de position ou dans un labour de l'âme?

Un tremblement d'âme douloureux mais salvateur, né du feu d'une énergie féminine tellement à l'oeuvre actuellement sur ce sol, une énergie de déstabilisation qui nous bouleverse et effrite nos certitudes pour nous conduire au-delà de nos peurs et de nos endormissements, au-delà de tout ce qui en nous est programmé, conditionné, structuré, prévisible et... pas dans l'accueil.

Nous ouvrir enfin à voir l'autre, comme sujet pas comme objet, à l'écouter vraiment, à l'accueillir dans un vrai lâcher-prise de nos rigidités. Voilà quel est souvent le sens de nos épreuves.

Comprendre, dans notre corps, dans notre vie quotidienne, qu'il existe quelque chose dans ce monde qui n'est "ni vrai ni faux"... bien au contraire. ;)

mardi 31 mars 2009

Carpe diem

Souvent les personnes qui s'engagent dans une démarche spirituelle, d'évolution ou de "développement personnel" - c'est à dire vers le cheminement normal de l'âme humaine - commencent par rechercher un Absolu.

Cet Absolu est parfois perçu comme "ailleurs", et notre vie quotidienne, nos relations avec les autres sont dévalorisées.

Mais les sutras nous rappellent que l'Essence (ku) et les phénomènes (shiki) ne sont pas différents.
Ils s'interpénètrent comme la neige sur les feuilles rousses du poème. La neige et les feuilles rousses sont belles ENSEMBLE.

Bien sûr, nous tendons tous, maladroitement ou par des "moyens habiles" à retrouver un Absolu. Cette aspiration est légitime. Cet Absolu est notre nature profonde, fondamentale, originelle.

On s'imagine en être séparés.

Mais dans cette quête débutante, on en arrive facilement à nier le "relatif". C'est à dire le "monde des phénomènes manifestés". Tout s'embrouille, tout devient compliqué, abstrait. On perd notre ancrage. Et notre sérénité.

On peut par exemple nier l'opportunité de vivre une relation de couple "normale", au motif que, y cherchant cet Absolu au travers de notre partenaire de vie, cela serait vain, puisqu'on ne peut évidemment l'y trouver du fait qu'il est d'abord en nous.

C'est exact. Mais l'Essence est en toute chose, et particulièrement dans le grand jeu de la Vie, dans ce jeu de miroirs où nous prenons conscience de nous-même à travers l'autre.

A travers l'autre... Dans ce monde-miroir. Quantique.

L'autre, notre partenaire de vie, n'est pas cet Absolu, mais il est là pour nous aider à le retrouver, de la même façon que lorsque l'on est tombé à terre, on doit prendre appui sur le sol pour se relever.

Prendre prétexte de notre nature "angélique" pour nier le sol ne nous servira de rien pour nous remettre debout. C'est que de la conjuguaison du Sol et de l'Eveil naît un Soleil...

Ne sommes-nous pas rassasiés des concepts et des systèmes de croyances et d'enfermer le divin dans des cages, alors qu'il ne suffit que d'ouvrir son coeur ?...

Dans l'état actuel de l'humanité, nous sommes homme et femme, et non androgynes.

Telle est la réalité.

Cette complémentarité de nos polarités nous parle de Réalité, lorsque nos quêtes "d'autonomie", qui sont également légitimes lorsqu'elles ne nous poussent pas par excès à l'isolement, peuvent parler d'évitement.

Il est important de s'ancrer dans la Réalité, pour s'abreuver à une lumière qui ne soit pas illusoire. On peut partir très loin, dans l'abstraction, et s'y perdre.

Vivre une relation de couple est naturel. C'est même le chemin vers le divin en nous. C'est la voie sacré du tantra, c'est à dire de l'acceptation de ce que notre humanité et mystique ne font qu'un. Cette expérience spontanée nous conduit au dépassement de nos dualités.

En cela, une relation de couple est une relation à soi, au jaillissement du divin par-delà nos systèmes de croyances limités, et derrière lesquelles nous nous abritons frileusement pour ne pas ETRE.

On peut la vivre sans se nier. Sans nier non plus ce qui fait de nous un homme ou une femme. On peut la vivre dans la liberté et le respect de l'identité de l'autre et de notre propre intégrité, sans pour autant s'engager dans la fuite de la solitude, ni dans l'évitement d'une Relation par laquelle justement on se construit nous-même, aussi paradoxal que ça puisse paraître (de se construire par une relation à l'autre).

SE construire avec l'autre.

Les sutras nous en parlent aussi : Gyatei, gyatei, hara so gyatei. Ensemble, ensemble, au-delà du par-delà.

Refuser - souvent en réaction à nos vieilles blessures qui engendrent des programmes de comportement - de se confronter à une relation concrète, évidemment évolutive, ne peut se voir comme une démarche de construction de soi, bien au contraire.

Tout est question d'équilibre. Votre posture est équilibre.

Ne vous échappez pas de votre posture. Ne fuyez pas la vie. Dans le dojo, on pratique seul mais ensemble.

L'Absolu est en nous, mais nous pouvons mieux le voir dans le regard de l'autre. Nous sommes des êtres de relation. Incarnés. Non sans raison.
Alors je vous en prie, soyez de véritables être humains. Pas des êtres abstraits.
Comme en kin-hin, avancez un pas après l'autre.

"Qui veut faire l'ange fait la bête".

Comment pourrait-on être Dieu, si l'on ne sait pas déjà être complètement un homme, ou complètement une femme?...

Vivez l'instant présent, dans toutes les dimensions de vous-même.

Revenez à la posture. A la respiration. Laissez passer. Avec un léger sourire intérieur.

Et jouissez de la vie. Qui est l'école de l'Amour.
Nous sommes sur cette Terre uniquement pour apprendre à aimer.


Et nous n'avons pas d'autre mission que le bonheur. Qui est souvent très simple.

vendredi 27 mars 2009

Les vieux démons

Souvent, si nous sommes attentifs à notre vie, nous pouvons constater une tendance à retomber dans les mêmes ornières.
Dans des schémas répétitifs qui nous enferment dans des non-choix.
Nous pouvons observer les vieilles émotions qui remontent, liées à ces schémas de comportement. Pendant zazen, nous pouvons observer ces constructions très attentivement, mais également durant notre vie quotidienne si l'on est vigilant.

Par exemple, nous avons quelquefois tendance à "interprêter" les paroles des autres, leurs actes. Et cette façon dont nous ressentons les choses est très souvent bien loin de la réalité. La blessure que nous ressentons ne provient pas des paroles ou des gestes, mais bien de notre façon de les interprêter. Les blessures créent sans cesse des blessures. Il est très facile de s'identifier et de se laisser emporter.

Là encore, notre vie quotidienne est notre meilleur enseignant. Pas seulement zazen.

Pourtant, une prise de conscience de ces processus, souvent, ne suffit pas, car ces vieux démons sont engrangés profondément dans nos corps, et la force de ces émotions morbides, la certitude de ces schémas qui nous déterminent à notre insu, créent le doute, la fermeture et nous acheminent vers la non-vie comme des captifs.

Alors? Comment recréer à chaque instant l'en-vie?... Comment retrouver la liberté d'un vrai choix?...

Bien sûr il faut vouloir guérir ces blessures de notre passé, accepter d'effectuer des prises de conscience, consentir à des remises en question. Il existe aussi des techniques pour dénouer les "mémoires" cellulaires du corps. Certains utilisent "l'eau lunaire" pour cela.

Mais se centrer, s'ancrer dans l'instant présent est essentiel.

La pratique de zazen nous conduit vers une désidentification de toutes ces constructions erronées. Nous relie à la réalité, au Présent vécu comme une offrande, nous restitue à la vraie liberté.

Nous pouvons douter du doute lui-même et être envahis de reconnaissance devant la simplicité de l'instant.

Notre vraie nature est au-delà de nos masques. Par la pratique de zazen, vous pouvez le comprendre avec votre corps. Avec votre corps-esprit.

Revenez à la posture avec le corps, respirez, laissez-passer les pensées.
Le passé est définitivement mort. Le futur n'est que virtuel. Seul le présent est vivant.
Vivez pleinement l'instant présent. Il est la clef et le tremplin de la libération.

lundi 16 février 2009

Esprit libre des limites

Ce que vous faites n'est pas très important.

Ce qui importe est comment vous le faites.

Ce que vous pensez n'est pas très important.

Ce qui importe est de ne pas stagner sur un état d'esprit de rejet ou d'avidité.

L'avidité résulte de la peur de manquer. Elle engendre l'anxiété, le stress.

Par votre pratique vous pouvez ressentir une complétude. Toucher votre réalité au-delà d'être limité, au-delà des conceptions erronées, réductrices. Si vous êtes en harmonie avec le Cosmos, avec tout ce qui est, rien ne manque, rien n'est à rejeter.

Vous pouvez exister dans l'accueil. Sans hostilité. Sans être dérangé par ce qui se présente.

Sans avidité et sans haine ne constitue pas une négation de la vie. C'est au contraire laisser ses mains ouvertes pour que l'Univers entier puisse y passer. C'est demeurer dans la fluidité. Les mains ouvertes signifient aussi le coeur ouvert.

Ni saisir ni rejeter quoi que ce soit.

Comment saisir l'ineffable?... Comment rejeter ce qui est?... Quelle souffrance!

Maître Deshimarudisait toujours que le zen est le chemin de la vraie liberté.

La liberté de ne pas être limités par nos conceptions et nos catégories.

lundi 9 février 2009

Soyons zen!

Dans le langage courant, "être zen" parle d'équanimité.

L'équanimité est cette faculté de ne pas se laisser emporter par une situation, d'accepter la réalité telle qu'elle est.

L'équanimité n'est pas une résignation.

Etre équanime ne signifie pas se résigner à ne pas faire évoluer une situation. Mais même cette évolution passe premièrement par reconnaître que la réalité est ainsi, par accepter qu'elle se présente ainsi.

Ce qui est est ainsi : il nous faut donc l'accueillir.

Dans le zen, on parle souvent de "ne pas saisir ni rejeter quoi que ce soit". Cette accueil dans la fluidité nous ouvre à devenir un avec la réalité. C'est à dire à devenir unifié, au-delà de nos dualités, des conceptions, des préjugés.

Etre "sans amour et sans haine" n'est pas le chemin d'un arbre mort. il s'agit seulement de ne pas discriminer ce qui, naturellement, nous traverse. De ne pas laisser "l'épaisseur d'un cheveu" s'interposer entre nous et la Réalité.

Lorsque l'on pratique ainsi notre vie quotidienne, sans coaguler notre esprit, en se coulant dans l'impermanence, avec fluidité, surgit une conscience au-delà des catégories, au-delà de ce qui nous limite, au-delà de nos représentations de la réalité qui ne sont pas la réalité mais qui l'enferment et finissent par nous la masquer.

"Etre zen", c'est être réel, naturel, renaître simplifié à chaque instant, toujours frais, automatiquement, inconsciemment.

Revenez à l'instant présent, à la posture, à la conscience du corps, à la respiration, vaste, dénouez les tensions.
Laissez-passer les pensées, les sécrétions du cerveau, sans discriminer. Ce n'est ni bien ni mal, ni vide ni plein. Laissez passer.

Ne soyez pas des êtres abstraits.
Soyez de véritables êtres humains, réels, vivants, au-delà de la dualité, unifiés à la vie.

dimanche 1 février 2009

La vérité vous libèrera

Dans la Tradition chrétienne, Pierre renie le Christ trois fois avant le chant du coq. En quoi est-ce si important que cela doive être signalé par cette Tradition romaine dont Pierre, qui a renié le Christ, est justement le fondateur ?...

Paradoxalement, mentir est se livrer... pieds et poings liés. Il s'agit d'un acte confiscatoire de notre vérité intime. Généralement généré par la peur.

Même, dans un autre cas, si le mensonge est réalisé dans un esprit de tromperie et d'obtention par la ruse, si l'on y regarde bien, il s'agit tout de même de l'amputation d'une partie essentielle de soi, de notre vérité profonde, de notre intégrité. Le mensonge fait de nous un être morcelé, séparé.

Plus tu vas mentir, plus tu vas en fait donner à l'autre un pouvoir sur toi. Un pouvoir à la Séparation aussi. Au "dia-bolein"...

Etre vrai, dans la simplicité, est libérateur.

Ceci étant, mentir ne constitue pas une culpabilité. C'est le système de défense d'un être confronté à une intimidation, à une autorité abusive, confrontée à une prise de pouvoir (d'ailleurs favorisée par des non-dits) et se considérant vulnérable ou faible ou inférieure.

Mais c'est une défense infiniment plus coûteuse que la vérité et qui vous maintient dans un jeu de pouvoir. C'est un karma très difficile, qui engendre beaucoup de souffrance, de négations.

Etre vrai te restitue à toi-même, te restitue à ta souveraineté.

C'est en ce sens que l'un des kaïs (préceptes) de l'ordination indique le sens de "ne pas mentir". C'est à dire ETRE VRAI. C'est très simplificateur, très reposant dans notre vie, d'être vrai.

Les kaïs doivent s'entendre sans rigidité, car si vous êtes rigide, vos principes sont comme une branche cassante.
Il s'agit d'un rappel dans la souplesse, mais bien sûr l'important n'est pas dans l'inféodation à un dogme ni à une règle ni à une autorité extérieure : trouver la lune au-delà du doigt résulte de l'attitude juste, de l'attitude juste pendant zazen, d'une clarté que vous déployez dans votre vie quotidienne. Naturellement, automatiquement, inconsciemment.

Vous pouvez alors aller complet. C'est important d'être vrai, c'est important aussi de se sentir complet, nourri par cette clarté.

Si vous êtes complet premièrement, c'est ce qui est complet en vous qui va à la rencontre de ce qui est complet en l'autre.
Tant que cette complétude n'est pas réalisée, vous ne rencontrez que ce qui est incomplet en l'autre, et vos projections qui s'interposent. Il n'y a pas de rencontre.

Il est très important de ne pas renier le Christ, le Bouddha, la divinité en soi. De ne pas nous amputer de cette dimension sacrée de notre vie et de lui garder tout son sens.

Le zen ne parle pas de renier le Bouddha. Il dit simplement : "si tu rencontres le Bouddha, donne lui cent coups de bâton"... Pourquoi tuer le Bouddha à l'extérieur de soi?... Pour le faire vivre en soi.

Ne vous en remettez pas à une autorité extérieure.
Soyez justes, soyez vrais, soyez complets.
Ne vous économisez pas. Poussez le ciel avec la tête, laissez votre colonne vertébrale se dérouler naturellement comme un ressort, rentrez le menton, relâchez les épaules. Respirez, laissez passer les pensées. Touchez votre vrai visage.

Bientôt, la cloche, le chant du coq.

vendredi 23 janvier 2009

Sens du discernement

Beaucoup de personnes actuellement reçoivent un enseignement bouddhiste, spirituel, etc.

Mais il est très important de ne pas perdre de vue l'essentiel.

Tout enseignement en appelle fortement à votre faculté de discernement.

Il est important de ne pas vous laisser enfermer par une école, un système de pensées, une représentation de la réalité, de ne pas coaguler votre esprit, de ne pas devenir dogmatique, ne pas développer un esprit conceptuel.
C'est tenter de capturer l'air avec un filet à papillons.

Vous ne devez pas vous laisser limiter.

Vous arrêter au doigt et le prendre pour la lune.

La voie est vaste. Elle est sous vos pieds.

Le meilleur enseignant est votre vie quotidienne.

Dans notre société actuelle, le sens de la vie est souvent occulté.

"On tourne en rond, on fait le tour de la question" comme dans la chanson de zazie, dans une société fonctionnant comme dans un cercle vicieux.

Dans un système fondé sur l'avoir et sur la compétition, sur la consommation, la richesse matérielle, une société où l'ego entre dans une course toujours inassouvie et tente de tout contrôler, beaucoup de gens ressentent que le vrai sens de la vie humaine est perdu.

La consommation d'antidépresseurs atteint des records. Ce malaise est très révélateur de ce que le bonheur ne se trouve pas dans cette frénésie ni dans cette négation des vrais besoins de l'humanité, du besoin de sens, du besoin d'être authentique.

A l'heure où les moyens de communication tuent la communication, où l'information désinforme et où l'éducation est réductrice, à l'heure où même des enseignements spirituels sèment la dualité et la frilosité dans les esprits, votre discernement est requis.

Vous ne pouvez trouver le sens de la vie nulle part ailleurs qu'en vous-même.

C'est le sens de votre pratique.

Toucher ce qui en vous est vrai, profond, non-conditionné, vivant, vibrant, réel, illimité, vaste, vaste, vaste, pas séparé, unifié.

Il faut clarifier notre vision du monde.

Clarifier, donner du sens. Au-delà des mots.

Discerner le sens.

C'est intangible. C'est informel. Ca ne peut être qu'informel. Vous pouvez seulement le ressentir.

Revenez à la conscience de vos pouces, à ce fin contact, à votre sourire intérieur.

Vous êtes riches de tous les biens dont vous pouvez vous passer.

Soyez heureux. Vous n'avez pas d'autre mission en ce monde. Soyez heureux, soyez de véritables êtres humains.

jeudi 15 janvier 2009

Offrande. Wa tachi wa, anata ga dai suki desu.

Pendant la pratique, laissez venir un léger sourire intérieur.

Ce sourire intérieur est comme l’eau pure d’une source.

Votre visage avant la naissance de vos parents.

Il est très important de ne pas chercher à devenir quelqu’un d’autre. Par exemple de vouloir obtenir le caractère paisible et heureux du Bouddha, l’idée que vous vous en faites.

Chaque moment est un bon moment, soyez dans l’accueil.

Un moine Vietnamien disait « C’est très bien de souffrir quand on aime ». La voie n’est pas atteindre un état d’insensibilité coupé du monde. C’est vivre complètement l’instant présent. Intensément. Aimer intensément, souffrir intensément. Avec ce léger sourire intérieur.

Quelquefois, les gens viennent au bouddhisme comme dans un refuge. Chez les Tibétains, on dit d’ailleurs « prendre refuge ».
C’est une conception périlleuse. On devient frileux envers la vie. On est dans une attitude d’évitement, d’évitement de la souffrance, on cherche un lieu, même un lieu intérieur où ne plus souffrir. Finalement, on ne vit plus. On devient un être abstrait et sans racines.

Il est très intéressant d’accepter de souffrir quand on aime. De demeurer dans cette acceptation, dans cet accueil de ce qui est, sans fermer son cœur, sans « prendre refuge ».
Il n’y a pas de refuge quand on aime.

Il n’y a pas de refuge pour la compassion du Bouddha. Elle s’exprime profondément en toute chose, sans chercher à se protéger de la Vie.

Ne soyez pas dans une attitude d’évitement. Le détachement n’est pas une attitude d’évitement. C’est une attitude d’accueil, de fluidité.

Notre vie quotidienne nous enseigne, nous bouscule, les phénomènes nous conduisent à l’essence.
C’est très bien de souffrir quand on aime. On devient réel. Vos émotions sont réelles. Accueillez-les. Laissez-les passer. Soyez dans la fluidité.

Revenez à la réalité. Au-delà des représentations, des réflexes d’évitements, au-delà de l’esprit avide. Ni saisir, ni rejeter. Le Bouddha n’est pas une conception. Il est en toute chose, dans votre vie.

Ne vous exilez pas de ce qui est réel. Laissez venir dans votre vie quotidienne un léger sourire intérieur. Ressentez-le. Par ce lâcher-prise et cet accueil, vous pouvez toucher votre vrai visage.

C’est bien de souffrir quand on aime. Et de s'émerveiller.

mardi 13 janvier 2009

Kusen : Mushotoku et quête du bonheur, 1-2-3.

Souvent, dans certaines voies, même bouddhistes, on entend qu'il "faut pratiquer ceci pour obtenir cela". C'est un chemin progressif...

On transpose ainsi un esprit matérialiste sur un chemin spirituel mais le fonctionnement de l'esprit demeure inchangé. Il n'y a en réalité aucune transformation, aucune révolution, aucune conversion du regard.

On se dupe soi-même, en cherchant à tirer un bénéfice de la pratique. On ne peut pas instrumentaliser une voie spirituelle sans réduire l'or en plomb.

Ne cherchez pas à obtenir quoi que ce soit, ou la pratique n'est pas juste.

Car, comme le disent les chrétiens, "c'est en se perdant que l'on se trouve".

Le zazen est action pure. Libre de toute attente.

Cessez la poursuite de toutes sortes d'objets, concrets ou abstraits.
Revenez à la posture, respirez.

Notre petite personnalité construite est sans répit insatisfaite. Elle cherche inlassablement à retenir ce qui, par nature, est impermanent. C'est une grande cause de souffrances morales, d'ennui, de morcèlements intérieurs, de pathologies.

Mais si vous fermez vos mains, vous ne pouvez obtenir qu'une poignée de sable.

Si vous laissez vos mains ouvertes, l'univers entier peut y passer.

Ne coagulez pas votre esprit. Soyez dans la fluidité.

Ne cherchez pas satisfaction dans un objet extérieur. Trouvez le sujet.

Le bonheur n'est pas lié à la "possession" d'un objet extérieur, d'une voiture, d'une personne. C'est une course toujours inassouvie.

Le bonheur est un état d'être.

Il nous faut trouver le détachement. Pourtant, il n'est rien de moins bien compris en Occident que le détachement.

Il s'agit de se détacher de l'esprit d'avidité, non pas des désirs sains de l'être humain.
Se détacher aussi de l'idée du détachement. Nous ne devenons pas devenir des arbres morts.

Alors, lorsque vous vous rencontrez ainsi complet dans cet état d'être, vous pouvez par exemple échanger avec les partenaires de votre vie des relations amoureuses ou amicales adultes, de complétude, où l'autre n'est pas vécu comme "l'objet" de votre bonheur.

Les êtres ne sont pas des objets, il est très important de le comprendre.

Il est très important de ne pas stagner dans une attitude d'obtention, d'avidité, d'instrumentalisation, ni non plus de rejet, d'évitement.

Le "diable" des traditions occidentales, c'est "diabolein" en grec, qui signifie "jeter séparément", c'est à dire diviser.

Ne soyez pas dans cette dualité, dans cette frénésie.

Revenez unifiés. Dans l'accueil. Paisible. En harmonie avec ce qui se présente. Fluide. Libre. Sans but, sans objet, sans esprit de profit.

C'est le sens du mot "moine". Monos. Non pas seul, solitaire, mais unifié.

Comme la montagne, qui regarde passer les nuages. Respirez. Laissez-passer les conceptions erronées. Libres de projections. Attentifs à ce qui est. Vivants.

Soyez dans l'action pure.

Soyez simplement heureux, c'est contagieux, vous n'avez pas d'autre mission en ce monde.

Kusen : images et représentations

La carte n'est pas le territoire.

Revenez à la posture, à l'expiration, laissez-passer les pensées comme la montagne qui regarde passer les nuages : elle n'est pas emportée, elle n'est pas affectée.

Ne vous identifiez pas aux sécrétions du cerveau, plus qu'aux autres sécrétions du corps.

Ne faites pas de constructions mentales. Revenez au corps et au moment présent. Respirez. Relâchez toutes les tensions dans les épaules, les bras. Laissez votre colonne vertébrale se dérouler naturellement vers le ciel comme un ressort.

Par la pratique, vous pouvez toucher votre vrai visage naturel fondamental originel, c'est à dire non conditionné.

Revenez à la réalité telle qu'elle est. Sans rien saisir ni rejeter. Au-delà de la dualité. Sans rien superposer. Alors "le vaste ciel n'est pas dérangé par le vol des nuages blancs".

La réalité est au-delà des représentations que l'on en a.

S'il apparaît l'épaisseur d'un cheveu entre vous et la réalité, s'ouvrent les portes de l'enfer.

Si l'instant présent n'est pas vécu, la vie n'est pas vécue.

Revenez à la posture, l'expiration, laissez-passer.

Ne soyez pas des êtres abstraits, soyez de véritables êtres humains.

La carte n'est pas le territoire.

mardi 6 janvier 2009

Kusen du 9 janvier 2008 - Structures et fluidité

"Plus croissent les lois et règlements,
Et plus augmentera le nombre des voleurs et des brigands."

Lorsque nous entrons dans le dojo, nous faisons gassho.

Nous marquons notre respect pour le Bouddha.

Quel Bouddha est important?... Pas celui qui est sur l'autel.

Vous êtes des Bouddhas vivants, par votre pratique, vous actualisez la voie du Bouddha, l'éveil à la Réalité.

C'est le chemin d'un véritable Etre Humain.

Comment devenir un véritable être humain?... Pas en essayant de devenir quelqu'un d'autre que ce que vous êtes.

Lao Tsu, dans le Tao Te King, disait : "Plus croissent les lois et règlements,
Et plus augmentera le nombre des voleurs et des brigands."

Vous ne devez pas croire qu'une vérité vous sera révélée par une autorité spirituelle extérieure, et ainsi vous perdre.

Revenez à la Présence au corps et à l'instant.

Entrez dans cette Présence. Dans la fluidité. Profondément vivant.

Un jour un homme demanda à un moine Zen ce qu'était la voie. Le moine l'amena auprès d'une rivière et lui plongea brutalement la tête sous l'eau. L'homme ne pouvait plus respirer. Une minute... deux minutes. Soudain, alors qu'il allait étouffer, le moine le tira par les cheveux et l'homme put enfin prendre une grande respiration.

Souvent, on ne sait pas combien il est important de simplement pouvoir respirer.

La voie du Bouddha n'est pas ailleurs que dans votre vie quotidienne.
Elle n'est pas dans les conceptions que l'on en a.

Lao Tsu disait aussi :
"Plus il y a d'interdits, plus le peuple est pauvre
Plus il y a d'armes, plus le pays est troublé.
(...)
Ainsi, le sage dit :
Je ne fais rien et le peuple se transforme de lui-même
Je reste calme et le peuple se rectifie de lui-même
Je n'intrigue pas et le peuple prospère de lui même
Je suis libre de désir (d'avidité)
Et le peuple de lui-même atteint la simplicité".

Les choses ne sont pas ce qu'elles paraissent.

Si un moine ne parvient pas à vous mettre en colère, vous pouvez aussi bien lui pisser sur le crâne.

Après zazen, nous ferons Sanpaï, c'est une très belle pratique.

dimanche 4 janvier 2009

Au-delà de la dualité...déjà...

Message de François d'Assise, à la fin de sa vie.

"A l'âme qui sait lire dans la mienne et qui en comprend les bonheurs et les douleurs, je veux confier ces mots : A l'aube de mon départ, au crépuscule du sentier que j'ai choisi, je puis enfin affirmer en toute paix que notre blessure en ce monde n'est ni dans la richesse ni dans la pauvreté mais dans notre dépendance à l'un de ces deux états, dans le fait d'imaginer que l'un ou l'autre peuvent nous offrir bonheur et liberté. Elle est aussi dans le fait de se persuader que le Très Haut Seigneur a besoin des souffrances des créatures que nous sommes pour leur ouvrir la porte à Sa Lumière.
Notre blessure est enfin de croire qu'Il a Lui-même besoin de Se sacrifier sous la forme de Son Fils ou sous une forme humaine pour nous sauver.
Qui nous sauvera hormis nous-même par la pureté de notre coeur?
En vérité, le doux Seigneur m'a montré qu'il n'y avait pas de rachat à faire ni de sacrifice à perpétuer. En silence, Il m'a enseigné qu'il y avait juste à sortir de l'ignorance, de l'oubli...et à aimer. Aimer la vie sous toutes ses formes et par tous les moyens qui l'embellissent, aimer son Unité en toute chose et en tout être.
Puisse tout cela être dit un jour aux femmes comme aux hommes, puisse cela être dit et montré mieux que je n'ai su le faire, sans rien rejeter de l'Eau ni du Feu.Mon voeu est qu'il n'y ait plus ni Eglise, ni prêtres, ni moines, ni rien de tout cela... Qu'il n'y ait plus que le Très Haut et nous car il appartient à chacun de Le rencontrer en lui-même.
Maintenant que le voile se déchire, je veux partir aussi nu que je suis venu au monde. Je ne parle pas de la naissance de mon corps mais de la vraie naissance de mon âme, du jour où elle a trouvé le courage de descendre plus totalement dans la chair pour s'offrir à l'Eternel, en Haut comme en Bas."

samedi 3 janvier 2009

Une mouche dans le lait : qu'est-ce qui est dérangé?...

Pendant zazen, des états parasites peuvent apparaître. La somnolence ou l'agitation mentale. Notre posture traduit alors complètement cet état de l'esprit. Elle s'effondre, ou alors des tensions apparaissent, les pouces se dressent fortement l'un contre l'autre. C'est très intéressant à observer, à étudier, si vos pouces ont un contact très doux, ou si au contraire ce contact mollit ou devient très tendu, conflictuel.

Nous avons dit l'autre jour que notre pratique consiste à laisser couler notre subjectivité, tout en l'observant. La pratique de l'assise désintéressée, le chemin de l'éveil, est au-delà du subjectif et de l'objectif, au-delà des attitudes excessives de se laisser emporter par nos rêveries, par nos illusions, nos constructions, et de nous identifier, d'adhérer à nos productions mentales et émotionnelles. Mais au-delà aussi de cette tentation d'exercer un contrôle excessif, de réprimer ce qui est.

L'ego, cette construction artificielle, superposée, conditionnée, cherche avec constance à toute contrôler.

Si nous voulons contrôler ce qui peut perturber notre esprit, si nous discriminons, si nous refoulons les sentiments, les pensées, nous perdons l'état de liberté et devenons semblables à un arbre sec.

Si, au contraire, nous nous identifions à ce qui surgit, si nous sommes affectés, emportés par le "vol des nuages blancs", par les contenus, par les sécrétions du cerveau, sans observation, le chemin de la vraie liberté est également perdu.

"Ne pas saisir ou rejeter quoi que ce soit!"
Pendant zazen, vos mains ne peuvent rien retenir, rien repousser... rien saisir, rien rejeter.
La pratique, c'est Hishiryo, "le vaste ciel qui n'est pas dérangé par le vol des nuages blancs".

Si un bruit apparaît dans le dojo, intégrez-le à votre pratique. Si quelqu'un entre en retard dans le dojo, intégrez ce phénomène à votre pratique.
Si une colère survient devant ce phénomène, laissez-la s'écouler, observez-la sans vous identifier, sans vous laisser emporter, sans discuter et sans faire de construction. Ne créez pas de dogme, pas de dualité. Il est très important de comprendre cela. C'est une très bonne pratique, de ne pas pouvoir tout contrôler.

Lao Tsu disait :
"Le sens du Tao perdu,
morale et justice apparaîssent".

Ca ne signifie pas que l'harmonie dans le dojo n'est pas importante. Lorsque l'on fait Gassho (saluer les mains jointes), ce n'est pas un geste symbolique, on le vit complètement, notre corps-esprit exprime un profond respect mutuel. Ce n'est pas un rituel. Egalement, quand on fait sanpaï (prosternation front au sol, paumes des mains vers le haut), on cesse de vouloir tout contrôler, on s'en remet au Cosmos, à la Vie, on s'abandonne. C'est une très belle pratique.

Ca ne signifie pas non plus que la Voie soit exempte de détermination. Eka s'est coupé un bras, a renoncé à son bras, pour devenir le disciple de Bodhidharma, pour montrer sa résolution. C'est symbolique. La voie du zen demande une forte détermination.

Nous devons nous efforcer d'arriver à l'heure au dojo, mais si cela n'est pas possible, il est préférable d'arriver en retard et de s'installer sans faire de bruit, que de ne pas venir du tout. Nos obligations sociales ou familiales sont sans culpabilité aucune.

Dans certains dojos, en fait dans la plupart des dojos, lorsque vous êtes en retard, vous n'êtes pas admis à entrer.

Mais nous ne devons pas perdre de vue que, "le sens du Tao perdu, morale et justice apparaîssent".

La voie du zen n'est pas une voie individuelle. On avance ensemble (gyateï). On ne peut réaliser notre voeu de compassion, de "sauver tous les êtres sensibles" (ou plutôt de les aider à se sauver eux-mêmes) si l'on n'est pas soi-même dans le lâcher-prise.
Lors de l'ordination de moine ou de moniale, c'est le sens de devenir "shukke".
Shukke est le renoncement au monde, à sa famille. On fait Sampaï tourné vers sa famille, symboliquement, on l'abandonne pour se consacrer à la Voie.
Mais au-delà, ce qui doit s'opérer, c'est le renoncement même à l'idée que l'on se fait du zen, à une certaine image figée ou dangereusement idéalisée du moine ou de la moniale.

Devenir shukke, en fait, c'est quitter un esprit coagulé.
C'est réaliser cet esprit véritable qui ne demeure sur rien, qui est vaste, attentif, au-delà.

Le "renoncement au monde", dans le zen, ce n'est pas une négation ni une frustration, c'est une CONVERSION DU REGARD.
Alors, tout peut nous être occasion d'éveil, tout est la voie.

Par exemple, lorsque vous êtes amoureux, amoureuse, pourquoi cela serait-il différent de la Voie?

Nous avons tous été amoureux.

Dans la plupart des cas, dans l'évolution actuelle de l'humanité, nous avons pu constater que cette passion tend à finir par se transformer en ennui, en piège ou en tourment. D'ailleurs, on parle de "tomber" amoureux.

On en parle comme d'une chûte, et pourtant l'élan amoureux vous épanouit, vous rayonnez de façon contagieuse, cette élan vous ouvre à la présence à soi donc à l'autre, à la pleine conscience.

Qu'est-ce qui fait que l'amour humain peut-être une occasion de chûte et de tourments, devenir même une prison, ou bien alors aussi une voie de réalisation de l'esprit d'éveil mais aussi - et c'est la même chose - de l'esprit d'amour?...

Par la pratique, à partir de votre posture, vous pouvez le comprendre.

C'est comme un poison qui peut vous rendre malade ou bien vous guérir.

l'amour entre deux êtres peut devenir, entre tentation de "breveter le vivant" et incomplétude, entre jeux de pouvoir et besoin criant de reconnaissance, un enfer, un affrontement, voire, cela arrive, une perte de notre identité, un renoncement à nos aspirations profondes.
Mais - et c'est le même mot en langue française - à l'inverse, il peut constituer aussi une brèche dans notre somnolence, une occasion fabuleuse, magique, d'éveiller en vous des graines latentes. L'amour peut arroser profondément les semences d'Amour au fond de votre âme.

"Bodhichitta", c'est l'esprit d'éveil, mais c'est aussi l'ESPRIT D'AMOUR.

Etre amoureux avec cet accueil, cette ouverture, cette présence forte à l'instant, cette attention du corps, cette rencontre dans la complétude, n'est pas si différent d'actualiser la Voie.
C'est une somptueuse opportunité de pratique, d'être bousculé, de bouleverser nos illusions, nos principes dogmatiques, les conditionnements, la morale même, et d'actualiser l'éveil, la compassion, l'esprit d'amour du Bouddha.

Cet amour-là vous pousse à la fluidité, vous fait prendre conscience de ce qui en vous était rigide, frileux, coagulé, endormi, limité, étroit et vous donne l'énergie de le dépasser. De faire éclater les barrières abstraites, les conceptions, pour devenir réel.
Il est de règle générale que lorsque les conceptions erronées s'effritent, la réalité apparaît.

Egalement, un bruit dans le dojo, une personne qui bouge, qui tousse, qui pête, qui vous dérange, peuvent être intégrés dans notre pratique et devenir complètement un chemin de libération.
Si vous êtes alors attentifs à ce qui surgit dans votre propre esprit, c'est l'occasion de prendre contact avec une colère, une rigidité, pour vous en libérer. Ce qui devient visible perd en force, et de vieux schémas de comportement en résonnance peuvent alors s'effondrer, de vieilles mémoires émotionnelles (liées à d'anciennes blessures) se dissoudre.

Si un dérangement dans votre pratique, mais aussi dans votre vie, survient, vous pouvez observer et mettre en lumière, au lieu d'être emporté et de vous identifier aux "bonnos", aux illusions; mais aussi l'illusion même de ce qui serait bien ou mal, orthodoxe ou hérétique, zen ou pas zen, honorable ou pas, sans vous identifier à l'image que vous vous faites d'être un moine ou un pratiquant du zen, ou à l'image d'un rôle social que vous jouez, et sans interposer cette représentation mentale entre vous et la Réalité.

Devenir shukke, finalement, c'est être libre, dans la fluidité de notre être profond, véritable, non conditionné. C'est choisir de devenir vaste, ouvert à la vie, c'est s'ouvrir à une autre dimension de nous-même, au-delà du subjectif et de l'objectif, au-delà des bonnos et d'une recherche illusoire de perfection, de pureté, au-delà de se perdre dans les phénomènes ou, à l'opposé, de tout vouloir contrôler ou réprimer.

C'est être dans l'accueil de ce qui est. Intime avec soi-même.

Alors, qu'est-ce qui fait que l'amour humain peut devenir un poison, une prison, ou bien un tremplin de Réalisation, un chemin vers soi?...

En fait, pour y répondre, il faut comprendre que le zen ne se joue pas dans une relation binaire, entre subjectif et objectif. Ce n'est pas de l'informatique, ni une partie d'échecs, ce n'est pas réducteur.
Le plus grand Sceau mystérieux du zen est qu'il s'agit en fait d'une relation TERNAIRE.

Au-delà d'une pratique personnelle, limitée, étroite et égoïste, où une part objective observerait sans la réprimer et sans s'y attacher une part subjective, cette relation horizontale objectif/subjectif ouvre en fait à une relation verticale à trois.

Elle ouvre à une contemplation de votre relation à Dieu. De votre rapport à Bouddha, à la Vie, à l'Intelligence Cosmique, peu importe le nom, c'est de toutes façons au-delà des noms, comme la lune est au-delà du doigt qui la désigne.
Elle ouvre à votre nature profonde originelle, à une dimension divine, sacrée, de votre vie.

Alors?...

Je vous souhaite de ne pas "tomber" amoureux, mais que cet amour vous relève, vous bouleverse, vous libère et vous accompagne sur la voie d'un authentique être humain, vous pousse à la fluidité, dans une relation à l'autre sacralisée, sur le chemin des oiseaux, le chemin sans chemin, au-delà, ensemble et en pleine conscience.

Ne vous identifiez pas à vos limites. Soyez le vaste ciel.

Je vous souhaite, "I shin den shin" (de mon âme à ton âme) de vous éveiller à votre vraie dimension, en être humains vrais, concrets, complets, amoureux de la vie, unifiés, dans la pleine conscience.

Vous devez comprendre que, lorsqu'un évènement nous traverse - qu'il s'agisse par exemple d'une perturbation dans votre préoccupation de perfection ou d'un bouleversement de la représentation que l'on a d'une vie sociale conventionnelle - ce n'est jamais autrement que par un phénomène naturel et universel d'AIMANTATION par notre propre âme. Et c'est toujours pour vous proposer une expérimentation dont la finalité est en rapport avec l'Amour.

Tout est, du Bouddha, la conférence silencieuse. ;)